Le Droit
-3 mai 1997
Ontario francophone
Nedjar, Yasmine
Longueur :
Long
La Magie des Lettres Dans le cadre d'une collaboration entre la Voix
(Réseau canadien des aînés) et la Magie des lettres (centre d'alphabétisation
francophone), le programme Aîné.e.s à...
Titre du projet : Mondialisation de la Solidarité, le pari du 3e millénaire
Organisation : Zehira Houfani
Province : Ontario (Ottawa)
Description : Réalisation d'une série d'articles sur la situation des enfants et des femmes en Algérie visant à sensibiliser les Canadiens et les Canadiennes aux conditions de vie extrêmement difficiles des populations du Sud, dont l'Algérie sert d'exemple, et d'autre part, à les convaincre que leur solidarité tout en contribuant au changement dans la vie de ces populations, constitue le meilleur investissement pour l'édification d'un monde plus humain, donc meilleur pour tous.
Priorités : Droits de la personne; Intégration de la femme au développement; Développement du secteur privé
Région : Afrique; Amériques; Asie
Média : Le quotidien Le Droit; journal Alternatives
Portée du projet : Nationale
Public cible : Grand public
Partenaires : Alternatives, Le Droit
La part de l'alphabétisation francophone en Ontario
par Zehira
HOUFANI (pour plus de détails contacter l'auteure)
Centre d'alphabétisation La Magie des lettres
RÉSUME
La force des liens favorisera-t-elle l'éducation de langue française? À coup sûr, sommes-nous tentés de répondre, tant il est évident que pour des questions d'intérêt collectif, chaque action est en soi une pierre qui renforce l'édifice identitaire de la communauté. Cette nécessité est d'autant plus importante lorsque l'édifice en question évolue dans un environnement hostile et dissuasif comme c'est le cas de la langue française et par prolongement, la culture francophone.
Dans le milieu de la l'alphabétisation francophone en Ontario, qui est en fait une expérience relativement récente, on prend de plus en plus conscience des enjeux d'une mobilisation à grande échelle, surtout dans le contexte socio-économique et politique actuel. On sait que non seulement la progression de l'alphabétisation francophone en dépend, mais également la survie du système en tant qu'instrument de prise en charge et d'intégration des adultes francophones analphabètes dans la vie socio-économique de la communauté.
C'est dire l'importance d'un réseau qui servirait, d'une part, à protéger les acquis de la communauté dans ce domaine, et d'autre part, à s'organiser en s'ajustant de manière à réduire les effets des restrictions gouvernementales sur son développement et poursuivre sa mission alphabétisatrice auprès de la communauté francophone de l'Ontario.
Une langue ne vit que par l'usage qu'on en fait au quotidien. Indépendamment de l'aspect identitaire, l'apprentissage d une langue doit avoir une finalité fonctionnelle. Autrement dit, elle doit être capable de répondre aux besoins de la vie moderne, être non seulement un instrument de communication entre les personnes, mais aussi un moyen d'épanouissement tant au niveau des individus que de la collectivité. L'évolution d'une langue à statut minoritaire, comme c est le cas du français hors-Québec, est tributaire de plusieurs facteurs, dont l'environnement socioculturel, la volonté politique et le niveau de conscientisation des francophones eux-mêmes par rapport à la fonction identitaire de cette langue et son attachement à la culture française. Nul doute que cette langue rencontre des résistances aussi bien au niveau politique (même si elles ont tendance à s'atténuer de plus en plus) que dans la vie de tous les jours si l'on tient compte de l'hostilité de la culture majoritaire face au bilinguisme en général et à la culture française en particulier. Mais cela ne signifie nullement que la langue française n est pas entrain d'avancer, de reconquérir du terrain, bien au contraire, grâce aux efforts d'une communauté résolument mobilisée, elle a connu un essor considérable pendant les dix dernières années, autrement dit, surtout depuis l'adoption en 1986 de la loi sur les services en français. Alors, qu'en est-il de la performance des francophones dans le cadre de l'alphabétisation de leur communauté? Ce sera notre sujet d intérêt. En nous basant sur notre expérience du terrain, nous allons tenter de déterminer les points forts de cette dynamique en terme de renforcement de la langue et enrichissement de la culture. (1)
Les premiers pas de l'alphabétisation francophone en Ontario remontent à 1982. C'est relativement récent pour établir la portée réelle de ce mouvement. Entre cette date et l'année 1986 qui a vu l'adoption de la loi sur les services en français, 4 centres d'alphabétisation ont été créés. C'est le prélude à une véritable éclosion d'un mouvement communautaire qui va se poursuivre à l'échelle de la province. Si bien, qu'en 1996, on recense 29 centres d'alphabétisation communautaire, 6 conseils scolaires qui dispensent ce service, de même que 3 collèges francophones. C'est un acquis de taille pour les francophones de l'Ontario qui enregistrent ainsi une autre victoire dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits linguistiques et culturels.
La situation et l'urgence des besoins en alphabétisation francophone a suscité un déploiement d'énergie tout à fait remarquable et participe de cette volonté d'une communauté agissante qui veut que: «ses réalisations et autres progrès constitutionnels soient, non pas l'oeuvre de politiciens, mais de la volonté d'affirmation de ces membres» (Groupe de développement). D'où cette ferveur à s'organiser pour la prise en charge de ses problèmes. Les résultats de ce réseau spontané sont pour le moins encourageants. Pour sa part et sous l'impulsion du mouvement, le gouvernement de l'Ontario énonce les principes directeurs pour une politique d'alphabétisation des adultes francophones. Cette politique reconnaît entre autres, «le rôle intrinsèque de l'alphabétisation comme moyen de survie et d'épanouissement de la communauté francophone en Ontario». Les résultats de tous ces efforts ont fait qu'en l'espace d'une décennie à peine, l'alphabétisation est devenue partie intégrante du système éducatif.
Toutefois, et en dépit de tous ces efforts, le taux d'analphabétisme, à différents degrés, chez les francophones hors-Québec demeure préoccupant. Dans l'EIAA (Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes) publiée en septembre 1996, Statistique Canada estime ce taux à 33%. Donc, beaucoup reste à faire pour changer le profil de la communauté francophone de l'Ontario. D'autant que l'analphabétisme reste un facteur intimement lié à la pauvreté des familles et à la marginalisation des individus. «Un homme qui ne sait ni lire, ni écrire est vraiment pauvre», pour reprendre une expression du pape Jean Paul II.
L'expérience de l'alphabétisation francophone en Ontario n'a pas généré de travaux d'envergure qui permettent de cerner de façon exhaustive ses retombées aux plans socio-économique et culturel, à la différence de l'évolution des mentalités, notamment au niveau politique, qui elle, est de plus en plus manifeste à l'égard de l'expression et de la satisfaction des droits des francophones.
Certes, plusieurs facteurs objectifs, telles l'histoire relativement courte de la pratique de l'alphabétisation et le peu de moyens, peuvent expliquer les insuffisances qui affectent actuellement le réseau de l'alphabétisation, notamment au niveau de la recherche, de l'élargissement de la réflexion, de l'inadaptation de certains programmes copiés sur le système anglais et des failles au plan organisationnel. Et même si ces faiblesses ne semblent pas pénaliser les apprenants en alphabétisation, du moins dans l'immédiat, il est fondamental que la communauté viabilise cette expérience en la dotant d'un plan d'ensemble capable d'allier dans une même quête, l'apprentissage de la langue en tant qu'instrument de travail et d'intégration, avec l'identité culturelle de celle-ci. On ne peut dissocier la question de l'alphabétisation de la question identitaire et culturelle, à plus forte raison, lorsqu'il s'agit de la revendication d'une communauté à statut minoritaire.
L'alphabétisation est un moyen pour les francophones de l'Ontario, non seulement de se valoriser en tant que communauté, mais également, d'investir les espaces socio-économiques et politiques qui leur reviennent de droit dans un Canada qui reconnaît la dualité linguistique. Ce faisant, la promotion de l'alphabétisation est une priorité et la mise en place d'un réseau d'organismes communautaires semble le moyen le plus approprié pour mener à terme cette mission.
Indépendamment des ouvertures obtenues par les francophones sur le plan politique, la sensibilisation face au problème de l'analphabétisme et de ses conséquences sur la vie de la communauté, s'avère un grand défi pour les leaders du mouvement. La tâche consiste à mettre en place des mécanismes favorisant:
1. la motivation chez les personnes francophones touchées par l'analphabétisme;
2. la conscientisation de la communauté face à cette problématique;
3. la valorisation de l'utilisation de la langue française et de la culture francophone;
4. l'engagement de la communauté tant du point de vue des ressources humaines que matérielles.
L'importance du réseau existant aujourd'hui et les multiples services offerts à travers toute la province de l'Ontario, attestent, si besoin est, d'une part, de l'importance de la demande pour ce service, et d'autre part de l'engagement des francophones à promouvoir l'alphabétisation, et par voie de conséquence, réduire la pauvreté qui est considérée comme un des principaux réservoir de sa clientèle.
Actuellement, quelques 4800 personnes bénéficient des services de l'alphabétisation francophone en Ontario. Ces services sont nombreux et ne cessent d'évoluer conjointement avec les acquisitions technologiques, pour s'ajuster aux nouvelles exigences que celles-ci impliquent, surtout en terme d'emploi.
D'autant que dans le cadre de la réforme des programmes de l'alphabétisation du gouvernement, les critères de qualité de l'alphabétisation reposent essentiellement sur les capacités des programmes à rejoindre le marché de l'emploi. En d'autres termes, l'employabilité devient le mot clé dans le processus de formation de base des adultes. Et les prestataires de services en alphabétisation doivent réviser et harmoniser leurs programmes en fonction de cette nouvelle priorité.
Dépendamment des expériences et des compétences, certains organismes ont performé en démontrant leurs capacités à s'ajuster aux nouvelles données socio-économiques sans altérer la qualité de leurs services envers la communauté. Dans cette optique, on peut citer l'exemple de la Magie des lettres qui s'est remarquablement distingué au niveau de la province de l'Ontario. Cet organisme d'alphabétisation francophone, situé à Vanier, oeuvre essentiellement auprès de la population défavorisée de la région d'Ottawa-Carleton. Les programmes proposés couvrent une grande variété de services, allant de l'apprentissage de base (lecture, écriture et calcul) à l'acquisition de techniques d'emploi, en passant par l'introduction aux ordinateurs, la préparation aux études secondaires et autres ateliers thématiques, à l'exemple, d'alpha-cuisine, autoportrait, etc. qui rejoignent les priorités gouvernementales en matière de formation de base et d'emploi.
Au vu de la richesse de son expérience, tant organisationnelle qu'en ce qui concerne la qualité de ses services, la Magie des lettres constitue un champ d'investigation susceptible de profiter à l'ensemble du mouvement de l'alphabétisation francophone. Tout en répondant aux besoins des apprenants, son implication socio-politique à différents niveaux de la communauté, ainsi que ses positions en faveur des droits linguistiques et culturels des francophones en font un interlocuteur incontournable pour les partenaires politiques. Avec une moyenne annuelle de 200 apprenants, regroupés dans des ateliers implantés à Vanier, Basse-ville et Ouest d'Ottawa, la Magie des lettres est en constante expansion.
Certes, il y a d'autres expériences positives à travers la province. Cependant, c'est loin d'être le lot de tous les centres opérant dans le domaine de l'alphabétisation francophone en Ontario. Certains organismes font face à de sérieux problèmes de recrutement, de financement, voire de gestion qui vont parfois jusqu'à menacer leur existence, privant ainsi une partie de la population francophone de son droit à l'éducation dans la langue de son choix.
Un des plus important grief contre les pouvoirs publics concerne le modèle de financement de l'alphabétisation. En effet plusieurs prestataires de services soutiennent que le système comportent des injustices qui défavorisent le bon fonctionnement des centres et pénalisent les apprenants. Outre que ce système ne tient pas compte des réalités environnementales des centres, par exemple, le contexte socioculturel ou géographique, la question des subventions à court terme (annuel), condamne l'ensemble du mouvement à une marche forcée, axée essentiellement sur des résultats immédiats au détriment d'une action plus large et concertée. Une telle démarche ne favorise pas les initiatives à long terme, et réduit d'autant les chances d'une réflexion globale, destinée à ancrer le concept de l'alphabétisation francophone dans le calendrier des préoccupations essentielles de la société.
Par voie de conséquences de cette marche forcée, basée sur le court terme, le mouvement de l'alphabétisation se retrouve, de fait, amputé d'une dimension essentielle de sa mission, à savoir, son inscription dans une perspective d'avenir. Cela réduit, d'une part, la portée de son discours sur la valorisation de la culture francophone, donc l'importance de s'alphabétiser en français, et d'autre part, limite le champ de ses interventions puisqu'il n'a pas les moyens de concevoir une politique qui lui permettrait, notamment de:
1. s'organiser en fonction de son propre rythme d'évolution;
2. prendre le temps de faire le bilan de sa quête linguistique et culturelle;
3. interroger ses actions et déterminer leur impact au sein de la communauté;
4. avoir une vision d'ensemble et s'orienter en conséquence;
5. permettre à l'alphabétisation d'être opérationnelle dans l'amélioration de la vie des apprenants, et d'être un instrument d'épanouissement socio-économique et culturel de la communauté;
6. s'investir intellectuellement dans un projet visant à viabiliser l'alphabétisation, en l'amarrant au projet global d'émancipation de la communauté francophone;
7. souscrire, à l'instar des autres membres de la communauté, à une dynamique qui renforce l'utilisation de la langue française, et donc la promotion de l'identité culturelle francophone.
Le système financier en question est également responsable de la situation précaire qui caractérise l'emploi et la formation dans le domaine de l'alphabétisation, essentiellement dans les organismes communautaires.
Les alphabétiseurs, animateurs et autres intervenants, sont soumis aux pressions des contrats à temps partiel. Pour compenser les insuffisances en matière salariale, les organismes s'appuient sur un remarquable potentiel de bénévoles. Ce qui n'est pas une aberration en soi. Mais, le danger vient du fait que cette situation ne favorise pas la stabilité qui permettrait à l'alphabétisation de se développer et d'atteindre les normes de qualité attendues par la communauté et exigées par les pouvoirs publics. Surtout dans le contexte des réformes actuelles qui s'inspirent d'une mondialisation de l'économie basée sur l'acquisition du savoir. De par son statut de «Nation commerçante» le Canada se doit de performer pour conserver la vigueur de son économie et assurer aux Canadiens le maintien d'un bon niveau de vie. À titre de membre actif de cette dynamique collective, l'alphabétisation francophone doit disposer de ressources adéquates pour jouer son rôle social en faveur de la croissance et du développement socio-économique de la communauté francophone.
Bien qu'on soit parvenu à la conclusion que la formation des intervenants en alphabétisation est fondamentale, tout porte à croire que l'idée prendra du temps à se matérialiser et la formation sur le tas reste la seule option. Pour pallier au plus pressé, et sous l'impulsion de certains organismes, plusieurs formules de formations courtes sont initiées à intervalles plus ou moins réguliers, dépendamment de la disponibilité des ressources.
Certains organismes, dont la Magie des lettres, ont élaboré des plans visant à apporter aux intervenants une formation minimale qui les prépare à l'exercice de la fonction d'alphabétiseur. Ainsi, à la Magie des lettres, tout candidat au poste d'alphabétiseur doit faire ses preuves en tant que bénévole. Cette pratique permet à l'intéressé de se familiariser avec les différentes approches utilisées en alphabétisation. Un autre cycle de formation sous forme d'ateliers est prévu au programme. Il traite des méthodes et styles d'apprentissage appliqués aux adultes. De même que des ateliers occasionnels de formation thématiques (andragogie, difficultés d'apprentissage, décrochage scolaire et multiculturalisme) sont organisés épisodiquement pour permettre aux alphabétiseurs d'améliorer leurs techniques d'intervention.
Quels que soient les mérites d'une telle démarche, il n'en demeure pas moins que la formation en alphabétisation doit sortir de ce cadre, forcément limité, pour s'intégrer dans une dynamique de formation globalement pensée en fonction de l'évolution de la société et donc de la nature de ses besoins. Dans cette optique, on recense un cours dispensé à l'Université de Québec, Montréal et sanctionné par un certificat en alphabétisation, ainsi que «techniques d'alphabétisation», un projet auquel ont collaboré plusieurs partenaires au niveau de l'Ontario et qui serait opérationnel dès le mois d'août 1997 à la Cité collégiale.
Le réseau de l'alphabétisation francophone, tel que conçu par la communauté francophone de L'Ontario, et tel qu'il existe actuellement, est un acquis précieux au service de l'émancipation de celle-ci. C'est une réalisation qu'on doit non seulement préserver dans son essence communautaire, en dépit des restrictions gouvernementales, mais promouvoir en la dotant de mécanismes permettant sa stabilité financière et politique.
Sur le terrain, chaque centre a accompli un travail remarquable, notamment, en permettant à des dizaines, voire des centaines de personnes de sortir de leur isolement et d'intégrer, via les services de l'alphabétisation, la société de l'écrit.
L'idée de se regrouper dans un front commun est apparue au sein du mouvement dès le début de l'expérience de l'alphabétisation francophone en Ontario. Ses artisans ont oeuvré sans relâche pour la reconnaissance de l'alphabétisation en tant que facteur essentiel du développement économique et social de la communauté francophone.
La vision commune, qui présuppose une concertation du mouvement à grande échelle, est un atout qui lui permettra de percer davantage sur la scène politique et d'exercer une influence certaine quant au devenir de l'alphabétisation. De même que cette concertation favorisera la conception d'un plan d'ensemble qui intègre l'alphabétisation dans le projet de société de la communauté francophone de l'Ontario.
Ce plan d'ensemble comprendra dans une même logique, les besoins des apprenants, les aspirations identitaires de la communauté et les exigences de la croissance économique et sociale au niveau de la province.
Comme nous l'avons vu précédemment, le défi pour les promoteurs de l'alphabétisation francophone en Ontario consiste à viabiliser cette expérience de manière qu'elle s'exerce pleinement et durablement. Cela signifie qu'il faut inclure dans sa fonction éducative une dimension socioculturelle qui exprime la spécificité de la communauté francophone de l'Ontario. En ce sens, qu'il s'agit d'une culture minoritaire qui ne doit sa survie qu'à la résistance soutenue de ses membres et à leur volonté de s'affirmer par l'utilisation et le développement de la langue française. Cette volonté d'affirmation repose sur plusieurs principes, dont:
1. la conviction des membres de la communauté quant à leur appartenance à une culture qu'il y a lieu de valoriser d'abord par l'utilisation de la langue;
2. la détermination des francophones de l'Ontario dans leurs luttes pour la jouissance de tous leurs droits linguistiques et culturels, par conséquent de leurs droits politiques (gestion et orientation);
3. la persévérance dans la sensibilisation de la communauté sur les retombées avantageuses de l'alphabétisation sur sa qualité de vie. Il s'agit de mettre en évidence les liens entre l'analphabétisme, la pauvreté et l'exclusion, qui sont autant de boulets qui pénalisent la croissance économique de la collectivité;
4. et enfin la créativité et l'ingéniosité dans le rajeunissement et la transmission du discours sur l'appartenance culturelle, et ce faisant, développer la fierté francophone, seul vrai rempart contre les tendances d'une assimilation subtilement organisée par tout un environnement.
En d'autres termes, la démarche en alphabétisation francophone doit être pensée en fonction, d'une part, des besoins de la base (apprenants et centres) et du contexte socio-économique, et d'autre part, des objectifs politiques qui participent d'un plan d'ensemble visant la valorisation de la langue française et l'enrichissement de la culture francophone.
L'alphabétisation est un outil essentiel dans le processus de développement. Elle prépare l'adulte à exercer sa citoyenneté et à participer pleinement à l'émergence et à la croissance économique et sociale de sa communauté. De façon générale, l'alphabétisation devrait permettre à l'individu et à la collectivité d'affirmer leur culture. Ceci est d'autant plus vrai dans le cas de l'alphabétisation francophone en Ontario qui émane d'une culture minoritaire dont la langue d'expression a connu des restrictions qui ont plus ou moins ralenti son développement. En témoigne l'histoire de cette communauté, qui encore tout récemment, était contrainte à l'enseignement en anglais sitôt atteint le niveau secondaire. C'est dire l'importance des enjeux dans le cadre de la lutte pour la dualité linguistique au Canada, et combien, il est fondamental pour le mouvement de l'alphabétisation francophone en Ontario de s'organiser.
Une telle perspective ne peut se concrétiser que dans la logique d'une recherche fondamentale visant à produire un plan d'ensemble dans lequel pourront s'identifier toutes les composantes de la communauté francophone en Ontario. Le renouveau consiste en ce que cette démarche jette la lumière sur tous les aspects de l'alphabétisation francophone, d'abord dans l'optique d'une meilleure perception du problème, et ensuite, de permettre sa prise en charge dans les conditions les plus appropriées. La question de la recherche dans ce domaine se pose de façon cruciale. Son action permettra dans un premier temps de recenser, pour études, les expériences vécues sur le terrain, et ensuite, dégager les moyens d'action les plus appropriés, tant du point de vue de l'identité culturelle, que du contexte socio-économique ambiant.
Pour atteindre l'objectif d'une connaissance globale de la pratique de l alphabétisation francophone en Ontario, on peut privilégier certains axes de recherche. Il peut s'agir:
1. d'établir un bilan exhaustif et précis de la pratique de l'alphabétisation francophone en Ontario;
2. de déterminer en s'appuyant sur des exemples concrets, ses impacts sur le vécu des apprenants et leur progression au sein de la communauté;
3. de mettre en relief ses apports sur le plan économique;
4. d'examiner sa stratégie politique et évaluer son degré d'efficacité.
Dans le cadre du deuxième objectif, tous les éléments qui concourent à la pratique de l'alphabétisation francophone peuvent faire l'objet de recherche dans la perspective de leur révision, voire, leur adaptation au contexte. À titre d'exemples, citons:
1. le système de financement;
2. la formation des intervenants;
3. l'harmonisation des programmes;
4. la reconnaissances des acquis;
5. la sensibilisation et le recrutement;
6. l'importance de la prévention en matière d'alphabétisation (dans le but de privilégier l'action préventive par rapport à l'action curative);
7. la stratégie de communication à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement;
8. l'identité culturelle.
Certes, une recherche d'une telle envergure ne peut se concevoir que dans le cadre d'une planification stratégique résultant d'un consensus entre tous les membres du réseau. Cela présuppose l'existence d'une instance représentative de l'ensemble du mouvement de l'alphabétisation francophone en Ontario. Et dans sa phase actuelle, le mouvement se cherche justement un cadre rassembleur. Une structure, qui tout en étant à l'écoute des besoins de la base, serait suffisamment organisée et investie de moyens pour être partie prenante dans les grandes décisions politiques et autres qui affectent l'alphabétisation. Ce serait d'un grand profit pour la communauté francophone de l'Ontario, surtout dans un contexte économique marqué par la redéfinition des priorités gouvernementales en fonction de la réduction des déficits.
À l'instar des autres composantes du système éducatif ontarien, l'alphabétisation francophone subit la rigueur des nouvelles orientations socio-économiques. Cela étant, sa réorganisation en profondeur est vitale pour la poursuite de sa mission au sein de la communauté. Les coupures budgétaires opérées par le gouvernement imposent donc une révision de l'ensemble de la démarche en alphabétisation. D'autant que ces coupures constituent une menace sérieuse à la pratique de l'alphabétisation communautaire basée sur l'approche andragogique individualisée, celle-là même qui a fait le succès de plusieurs centres. La réforme actuelle, qui subordonne l'ensemble des programmes à des objectifs exclusivement d'ordre économique, risque de pénaliser tous les adultes francophones analphabètes qui ne répondent pas aux critères de l'employabilité. La communauté francophone de l'Ontario revendique son droit à l'alphabétisation sans aucune restriction et appelle les pouvoirs publics à en assumer le coût. De toute évidence, les choses ne vont pas de soi et le contexte socio-économique actuel est la meilleure invitation à la vigilance et à la concertation. D'où l'importance de s'unir pour réfléchir ensemble aux meilleurs moyens de rationaliser sans altérer la qualité des services, ni mettre en péril le devenir de l'expérience. Il y a lieu de bâtir une stratégie commune qui vise:
1. la défense et le renforcement des acquis de la communauté en matière d'alphabétisation francophone, tels qu'ils ont été développés;
2. la stabilité financière des centres et la permanence des programmes;
3. la revendication d'un complément de ressources devant couvrir les rattrapages dus à la communauté francophone de l'Ontario dans le cadre de son éducation et de sa croissance;
4. la couverture financière de services d'appoint, telles les garderies, le transport et les cuisines collectives;
5. la mise en oeuvre d'un programme de recherches qui aidera à une meilleure connaissance du milieu et conduire à l'élaboration de plans d'action plus ou moins appropriés;
6. l'harmonisation des programmes, des méthodes et des approches;
7. la mise en place de mécanismes permettant l'évaluation de la qualité des services et de l'efficacité du projet d'alphabétisation francophone en Ontario;
8. l'institution d'un certificat sanctionnant la formation en alphabétisation et établissant son équivalence par rapport au reste du système éducatif des adultes;
9. le renforcement de l'identité culturelle en s'appuyant sur un matériel d'appui conçu en fonction de la valorisation de la langue française;
10. la prise en charge commune de projets d'envergure destinés à favoriser l'alphabétisation au sein des familles francophones de l'Ontario;
11. la création d'un instrument de communication pour, d'une part, mieux sensibiliser autour des enjeux de l'alphabétisation francophone, et d'autre part, prendre position sur des questions touchant à la langue et à la culture francophone de l'Ontario. L'idéal serait un mensuel de niveau provincial, qui en plus d'informer, pourra proposer des thèmes de réflexion et d'échange au sein de la communauté.
Il pourrait s'agir de la coalition dont l'idée est d'ores et déjà dans l'air. Une telle structure servira, à la fois, de catalyseur pour les grandes idées qui traversent le mouvement de l'alphabétisation francophone, et de générateur d'énergie pour ses promoteurs. Ce sera le moyen de stimuler ce renouveau dont le mouvement a besoin pour résister aux pressions actuelles et poursuivre sa mission éducative et conscientisante. Il est évident que cette coalition, pour peu qu'elle s'organise en conséquence, a un rôle majeur dans le contexte actuel. Son action à l'interne consiste à assurer tous les moyens requis pour la concrétisation des projets retenus au chapitre «raisons d'une concertation», tandis qu'à l'externe, il s'agit surtout de faire pression pour une meilleure participation des francophones de l'Ontario au niveau politique.
La condition première de cette participation réside dans la restructuration du mouvement de manière à le doter d'une crédibilité sur la scène socio-politique. Ses membres pourront ensuite réfléchir à une formule de concertation avec les pouvoirs publics, notamment une structure composée de représentants des deux parties, et qui sera chargée de l'orientation et des grandes décisions qui affectent l'alphabétisation francophone en Ontario. Le statut minoritaire de la langue française pourrait servir de justification pour la création d'une telle structure, qui permettra aux représentants du mouvement d'être à l'intérieur du processus des prises de décisions touchant aussi bien la gestion du réseau que les orientations politiques qui le concernent. Nul doute qu'avec une telle structure, la participation des francophones change de rôle. Elle n'est plus consultative, mais plutôt agissante, puisqu'ils deviennent les artisans de la démarche et des orientations en matière d'alphabétisation francophone en Ontario.
En l'absence d'un mouvement structuré et fort, la communauté francophone de l'Ontario est privée de moyens d'exercer son influence sur les décisions qui la touchent, comme c'est le cas actuellement avec les coupures et autres ajustements opérés dans les programmes gouvernementaux et sur lesquels, elle n'a aucune prise. D'autant que la conjugaison d'éléments tels, le taux élevé de l'analphabétisme au sein de la communauté francophone, le statut minoritaire de la langue et la baisse des ressources financières, met la communauté dans une position extrêmement vulnérable. C'est donc d'une importance capitale que des structures de portée politique soient posées, et cela, de façon irréversible.
Le centre d'alphabétisation, la Magie des lettres, existe depuis près de 12 ans. Incorporé en 1985, ce centre a accompli un parcours tout à fait exemplaire dans le processus de la prise en charge du problème de l'analphabétisme au sein de la communauté francophone de la région d'Ottawa-Carleton. Il est également un pionnier en matière d'intégration des allophones par le biais de l'alphabétisation en français. Grâce à l'engagement et à la détermination d'une équipe hors pair, la Magie des lettres est aujourd'hui le plus important centre d'alphabétisation francophone de l'Ontario et un des doyens du Canada. Pour réaliser un tel succès dans un contexte où la difficulté commence par le fait même d'être francophone, l'organisme a misé sur deux éléments essentiels à une bonne pratique de l'alphabétisation. Il s'agit des résultats concrets obtenus dans le cadre des apprentissages dispensés et du développement d'une formidable dynamique de partenariat. Le premier facteur s'appuie sur le nombre d'apprenants qui ont rejoint les ateliers d'alphabétisation de la Magie pour sortir de l'isolement, acquérir l'autonomie et réaliser leurs objectifs. Plusieurs sont aujourd'hui dans d'autres structures plus avancées de l'éducation des adultes, à la Cité collégiale, ou encore sur un poste de travail.
L'autre partie du succès de la Magie des lettres vient incontestablement du réseau de partenariat tissé dans toute la communauté. Les responsables de ce centre ont acquis une expertise dans le domaine de l'alphabétisation qui leur permet de travailler en collaboration avec les écoles (promotion de la lecture), les conseils scolaires (tournées de prévention contre le décrochage scolaire), la Cité collégiale, l'université d'Ottawa, les centres d'emploi et Immigration, les services sociaux, la Municipalité régionale d'Ottawa-Carleton et les services locaux. Étant pratiquement devenue une référence dans son domaine, la Magie des lettres oeuvre auprès des organismes communautaires de la région pour l'évaluation des apprenants afin qu'ils soient orientés vers des programmes répondant le mieux à leurs besoins.
Au plan politique, ce centre n'est pas en reste et participe à plusieurs niveaux. La Magie des lettres est membre du Comité Inter-agences qui vise à identifier les tendances de l'évolution de la situation sociale et économique de la communauté francophone de l'Ontario. Elle est également partie prenante dans les activités du Regroupement de l'Est, de l'Alliance des groupes d'alphabétisation francophones en Ontario et de la Coalition pour l'alphabétisation d'Ottawa-Carleton. Consciente du fait que l'alphabétisation est une condition essentielle à la vie démocratique et à l'expression culturelle d'une communauté, la Magie des lettres saisit toutes les opportunités pour faire la promotion de ce qu'elle appelle le levier de la croissance et du développement de la communauté francophone de l'Ontario.
Consciente de l'importance de la «force des liens» dans la volonté de changement d'une communauté, la Magie des lettres, par la voix de sa directrice générale, explique son choix pour le partenariat en ces termes: «améliorer le niveau de l'alphabétisation nécessite l'engagement de nombreux partenaires, soucieux du bien-être de la communauté francophone de l'Ontario. Les liens de collaboration, les appuis mutuels et les discussions dans différents milieux, enrichissent l'action de chacun.», extrait du rapport annuel 1995-1996. C'est dans le cadre de cette même vision, que les responsables de la Magie ont organisé au début de 1995 Ralliement autour d'une cause commune. Une première depuis le Règlement 17 avaient titré les journaux pour donner la vraie signification de cet événement. Partant du principe que l'alphabétisation est un problème de société, la Magie des lettres entendait responsabiliser et mobiliser l'ensemble de la communauté francophone de l'Ontario pour sa prise en charge collective. Le succès de cette initiative se mesure aujourd'hui à la richesse du réseau des partenaires de ce centre, et bien entendu, à l'efficacité de ce dernier sur la qualité du service auprès des apprenants, premiers et derniers concernés par la démarche.
À titre de membre de la francophonie, engagé dans une oeuvre commune de consolidation et de promotion de la langue française, la Magie des lettres est disposée à apporter sa contribution dans tout projet qui vise cet objectif et cadre avec ses prérogatives.
Au niveau des ressources humaines, et compte tenu de l'expertise de son personnel, la Magie des lettres peut prêter son soutien dans plusieurs domaines, tels que:
1. superviser des projets visant l'harmonisation des programmes en alphabétisation francophone;
2. contribuer à des projets de recherche touchant les divers aspects de l'alphabétisation;
3. initier et soutenir des groupes de réflexion et de motivation autour de la valorisation de l'identité francophone et l'utilisation de la langue française;
4. aider à la conception et à la réalisation d'une campagne médiatique en vue de sensibiliser la communauté au problème de l'analphabétisme et son impact sur le développement socio-économique de la collectivité;
5. fournir l'expertise nécessaire pour la production de matériel didactique adapté aux différents niveaux d'apprentissage;
6. offrir des conseils en techniques de gestion (budget, personnel, bénévoles etc.);
7. produire de la documentation sur des sujets intéressant l'alphabétisation francophone en Ontario;
8. interpréter, simplifier et vulgariser l'information destinée aux apprenants
9. superviser le jumelage de projets entre les différents prestataires de services;
10. contribuer à la conception d'un magazine de bonne facture qui s'intéressera à la pratique et à l'évolution de l'alphabétisation francophone en Ontario.
L'engagement de la Magie des lettres envers la communauté se lit à travers chacune de ses actions. Tisser des liens générateurs de solidarité, d'appartenance et de fierté, est une de ses principales préoccupations. En témoigne la longue liste de ses partenaires actuels venant de pratiquement tous les milieux, éducatif, social, économique, politique, multiculturel, universitaire, communautaire etc. La Magie des lettres est disposée à travailler avec toute personne, groupe ou organisme, soucieux d'améliorer la pratique de l'alphabétisation francophone en Ontario. Ses objectifs sont centrés sur la sensibilisation, la promotion et l'offre de services en français. Et toutes les initiatives qui vont dans ce sens sont encouragées et promues à l'échelle de la communauté. Consciente de la responsabilité politique de sa mission par rapport au développement de la communauté, cet organisme oeuvre sans relâche pour briser le cycle de l'analphabétisme qui cantonne plusieurs familles dans une logique de pauvreté et de dépendance.
Dans cette optique, et afin d'agir sur l'ensemble des maillons qui composent ce cycle, le volet de la prévention a connu un certain regain ces dernières années. D'abord en direction des écoles de la région où plusieurs initiatives ont aidé à la sensibilisation des parents et enseignants vis-à-vis du décrochage scolaire, un problème aux proportions bien inquiétantes. Entre autres actions de ce programme de prévention, citons la production de pièces de théâtre, une tournée des apprenants dans les écoles, ainsi que la production et la distribution de livrets faisant la promotion de la lecture. À noter que la dernière initiative a été réalisée exclusivement avec les moyens de la Magie des lettres. Un autre projet de prévention ciblant la petite enfance et les parents est en phase de réalisation. Ce dernier se veut la concrétisation de cette alphabétisation préventive dont les résultats pourraient être nettement supérieurs en comparaison avec l'alphabétisation curative, préconisée actuellement. La Magie des lettres entend sensibiliser davantage la communauté sur l'importance de la prévention dans le domaine de l'alphabétisation et ses retombées sociales et économiques sur la communauté.
Pour conclure, la Magie des lettres demeure une des plus importantes réalisations du mouvement de l'alphabétisation francophone en Ontario. C'est un instrument privilégié mis au service du développement de l'utilisation de la langue française, et partant, de l'affirmation de l'identité culturelle de la communauté francophone. Il n'y a aucun doute quant à son influence présente et future sur l'avancée politique de l'ensemble du mouvement francophone dans le cadre de la reconnaissance pleine et entière de ses droits linguistiques et culturels. Cette volonté politique s'inscrit en filigrane des actions entreprises sous couvert de l'alphabétisation francophone par les promoteurs de la Magie des lettres, qui travaillent actuellement en vue d'amener le réseau à se doter d'une structure forte et politisée dans les meilleurs délais. C'est d'une nécessité vitale dans le contexte socio-politique et économique actuel.
Ministère de l'Éducation de l'Ontario
Principes directeurs de la qualité en alphabétisation, Direction de l'alphabétisation, Ministère de l'Éducation de l'Ontario, 1992.
Serge Wagner
Alphabétiser: une profession qui s'apprend?, Cahier spécial 96: FCAF, 1996.
Association ontarienne de l'éducation alternative
Politique ontarienne d'alphabétisation des adultes, Association ontarienne de l'éducation alternative, mai-juin 1992.
Statistique Canada
Un portrait de l'analphabétisme au Canada, Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes: Statistique Canada, septembre 1996.
Michèle Deshaies, Diane Gibeault
Rapport de planification stratégique, RGFAPO, avril 1995.
RGFAPO
Stratégie des francophone en matière de lutte à l'analphabétisme, Présenté par les partenaires de l'alphabétisation des adultes: RGFAPO, novembre 1996.
La Magie des lettres
Rapport annuel 1995-1996, La Magie des lettres, novembre 1996.
En 1991, l'Assemblée des affaires francophones du Conseil sur le vieillissement d'Ottawa-Carleton a mis sur pied un comité sur l'alphabétisation en réponse à l'identification d'un besoin particulier à la population âgée francophone de la région. Ce comité était formé d'intervenants dans les domaines de l'alphabétisation et des services aux aînés, ainsi que de personnes âgées ayant une expertise ou de l'intérêt en la matière. Dans leur démarche visant l'identification de moyens pour répondre au besoin pressant de plusieurs aînés francophones de cette collectivité, les membres du comité en sont vite arrivés à la conclusion que les ressources disponibles et les initiatives en cours étaient plutôt rares voire même inexistantes.
Une première proposition de projet pilote a alors été développée et acheminée, en 1992, au Secretariat national à l'alphabétisation (SNA) dans le but de développer un programme d'alphabétisation adapté aux besoins de la clientèle âgée francophone. Étant donné que des projets et des recherches en alphabétisation étaient déjà en cours sous l'égide de La Voix, de la Fédération canadienne pour l'alphabétisation en français et du Centre Franco-ontarien de ressources en alphabétisation, le SNA a décidé de mettre la proposition de projet en attente jusqu'à ce que les conclusions de ces études soient connues. Le projet est alors tombé quelque peu dans l'oubli et le comité sur l'alphabétisation a cessé de se rencontrer en 1993.
En 1996, considérant que le besoin était toujours pressant, La Voix a pris l'initiative de reformer un comité sur l'alphabétisation des aînés pour développer une nouvelle proposition de projet. Des représentants du comité original se sont joints au nouveau comité et de nouveaux membres ont également été invités à se joindre à l'équipe. Le principal partenaire de La Voix dans ce projet était alors le centre d'alphabétisation La Magie des lettres. Après quelques mois de travail, le comité a adressé une seconde demande de subvention pour un projet d'une durée de trois ans au SNA qui, cette fois-ci, accepte de le financer. Suite à cela, le comité sur l'alphabétisation est devenu le comité directeur qui a encadré l'ensemble des activités réalisées dans le cadre du projet.
Afin de trouver un nom au projet, on procéda à une consultation auprès des aînés et des intervenants dans le milieu communautaire. Aîné.e.s à la page a été choisi. C'est ainsi que dès janvier 1997, le projet est entré en fonction sous son nouveau nom. Le projet a pignon sur rue à La Magie des lettres qui assure également la supervision directe de la coordonnatrice embauchée pour la réalisation du projet.
En décembre 1998, la trousse pour la mise sur pied d'un programme d'alphabétisation pour aînés francophones est complétée.
En mars 1999, le SNA annonce qu'il subventionnera la deuxième phase du projet qui comporte la trousse suivante.
Cette trousse, ayant pour titre " Programme d'alphabétisation à l'intention des aînés francophones : Guide de mise en œuvre " est le résultat d'une longue démarche qui a débuté en 1991 lors d'une conférence intitulée " Apprendre, c'est la vie " organisée par La Voix pour dénoncer l'analphabétisme chez les aînés. Aujourd'hui, nous pouvons dire que cette trousse est une belle réalisation collective au profit de la communauté francophone dans son ensemble. Cette dernière vient de faire l'acquisition d'un outil précieux qui s'ajoute aux modestes ressources dont elle dispose dans le domaine de l'alphabétisation des aînés
Cette trousse se veut à la fois, un outil de référence, un guide de mise en œuvre, une démarche, bref, un programme d'alphabétisation des aînés, depuis sa conception jusqu'à l'évaluation des résultats sur le terrain. Elle dit tout ce qu'il faut savoir pour mettre sur pied un tel programme. Et toute personne et tout organisme qui souhaitent offrir ce service aux aînés de leur collectivité peuvent aisément le mettre sur pied à l'aide de la trousse.
On prend de plus en plus conscience que l'alphabétisation des aînés a un impact certain sur la société. Elle contribue à renforcer leur autonomie et leur sécurité. Pour les aînés francophones qui ont de la difficulté à lire et à écrire, cette trousse arrive à point pour leur donner un rôle plus actif au moment où justement la société de l'écrit menace de plus en plus de les exclure. Désormais, grâce aux programmes d'alphabétisation, cette frange de la population ne sera plus à l'écart du progrès technologique qui envahit notre quotidien, elle pourra en profiter en toute autonomie.
C'est l'objectif visé par le projet d'alphabétisation des aînés contenu dans cette trousse. Améliorer les capacités de lecture et d'écriture des aînés de façon à ce qu'ils demeurent autonomes le plus longtemps possible avec le moins de risques: accidents, fraude, etc. C'est tout un défi qui se pose à la communauté francophone d'aujourd'hui. L'enjeu est d'autant plus grand que la population âgée est en constante croissance.
En constatant le nombre croissant de la population aînée, l'assemblée générale des Nations Unies a décrétée 1999 l'Année internationale des aînés. Cet hommage important que l'on rend à cette tranche de la population vise à reconnaître le rôle des aînés dans notre société et a améliorer les relations intergénérationnelles.
Voilà une occasion de souligner l'importance de l'alphabétisation des personnes âgées. Il faut reconnaître que ces derniers jouent un rôle important dans notre société d'où la nécessité de leur offrir un programme d'alphabétisation adapté à leurs besoins.
Dans une société axée sur l'emploi, on est porté à croire que l'alphabétisation devrait s'adresser seulement aux jeunes adultes. Toutefois, une telle croyance ne devrait pas exister dans notre société moderne où la communication écrite prend une place importante. À l'aube du nouveau millénaire avec le développement de technologies nouvelles, il devient évidant que la capacité de lecture et d'écriture est essentielle pour tous. L'alphabétisation est un droit fondamentale de la personne et ce à tout âge.
À l'intitulé de la conférence de La Voix de 1991 " Apprendre, c'est la vie " vient s'ajouter celle de l'UNESCO en 1997 " Apprendre durant toute la vie " pour souligner le droit à l'éducation pour tous. Avec cet acquis, les aînés canadiens pourront mieux vivre dans la société moderne basée sur l'écrit. Ils pourront également s'identifier au thème choisi par leur pays pour marquer 1999 comme l'Année internationale des personnes âgés, à savoir, «Le Canada, une société pour tous les âges».
La responsabilité de l'alphabétisation des aînés s'adresse à toute la population canadienne. Nous nous devons d'offrir les services nécessaires à l'alphabétisation des aînés. Nous devons être attentifs à leurs besoins en lecture et en écriture et leurs donner les services nécessaires pour s'assurer qu'ils puissent jouer pleinement leur rôle dans la société.
Divers* textes écrits pour le magazine (...) vol 3 no 5
Des entrepreneurs qui font parler d’eux
Ça vous tente? Faites comme eux, tentez l’Aventure!
Le Programme d’immersion en entreprise Un outil essentiel pour conquérir les marchés étrangers
Ce n’est pas une mince tâche que de vouloir lancer son projet d’affaires, sur la scène internationale. Il faut non seulement trouver le financement nécessaire, mais il faut aussi être très bien préparé, établir un réseau de contacts, connaître son marché, ses atouts et ses forces. Afin d’aider les entrepreneurs à relever ce défi de taille, le FOFM a créé, en 1999, le Programme d’immersion en entreprise (PIE), en collaboration avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Ce programme, visant à développer 150 partenariats entre des entrepreneurs canadiens et africains, fournit une aide précieuse…
Amina G.
(Afrique Expansion), Montréal
Madame Amina G. est présidente d’Afrique Expansion, une entreprise de consultants basée à Montréal. Fondée en 1995, l’entreprise compte aujourd’hui quatre employés à temps plein et de nombreux consultants au Canada et en Afrique. L’objectif principal de l’entreprise est de développer un partenariat entre le Canada et divers pays d’Afrique...
Alain B.
(RégeNord Ltée), Nouveau-Brunswick
Alain B. est président de RégeNord Ltée, une entreprise d’ingénieurs consultants en foresterie, située à Kedgwick (Nouveau-Brunswick). Ayant participé au Mondial des Amériques, Alain Bélanger est très satisfait des contacts noués lors de cet événement…
Monique P.(Pacific Rim Access), Vancouver
La petite entreprise de Monique P. Pacific Rim Access a pris son véritable envol grâce au Mondial qui lui a permis de sortir de Vancouver, de voir grand et d’établir des partenariats déjà opérationnels avec le Maroc et d’autres, en négociation…
Le Mondial des Amériques en novembre dernier
Le Mondial des Amériques, tenu à Ottawa en novembre 1999, s’est avéré un succès retentissant. «Du jamais vu», ont commenté les observateurs, surpris par l’ampleur des retombées immédiates de l’événement. Durant les quelques jours de l’événement…
Le Canada français, ou les prouesses d’une communauté qui s’affirme
« Ne devront aller au Canada que les gens avides de grandes entreprises… » c’est sur cette citation hautement symbolique de l’écrivain français, Marc Lescarbot 1609, que s’ouvre la prestigieuse publication « Je parle français » qui trace en cette fin du 2e millénaire le portrait d’une francophonie canadienne dans toute sa grandeur.
Eh oui, l’auteur avait raison, il fallait être vraiment avides de grands projets, de découvertes et d’une volonté remarquable pour réaliser le Canada français d’aujourd’hui. C’est cette épopée du peuple canadien français qui est revisitée et racontée avec talent par d’autres Canadiens-français fiers de porter cet héritage qui s’enrichit d’une génération à l’autre comme un flambeau nourri à l’énergie de la réussite et du progrès…
Divers *textes écrits pour le rapport annuel du centre de formation (...) en 1998-1999
La Magie des lettres est un organisme d'alphabétisation francophone qui œuvre depuis 1985 dans la région d'Ottawa-Carleton. Ses multiples réalisations, son leadership et son excellence organisationnelle en ont fait un leader dans le domaine de l’alphabétisation en Ontario. Il s’agit d’un organisme qui a développé des outils et des capacités à même de lui permettre de s’adapter aux différents contextes socio-économiques sans altérer la qualité des services offerts à la communauté. L’alphabétisation des adultes demeure le principal champ d’intervention. Les ateliers sont offerts durant la semaine, en trois séances : matin, après-midi et soir au siège social d’Ottawa, ainsi qu’en journée aux différents sites communautaires. Des services de tutorat sont disponibles. Cela consiste à jumeler un bénévole avec un seul apprenant permettant ainsi une approche personnalisée et un meilleur encadrement. Consciente d'être l'objet de tant d'intérêt de la part de la communauté et confiante dans le professionnalisme avéré de ses membres, La Magie des lettres entreprend sans relâche le développement de plusieurs nouveaux programmes et outils; l’alphabétisation familiale, les compétences fortes et les plans de formation (…)
L’année 1998-1999 a vu la mise en œuvre d’un important projet d’alphabétisation
familiale.
En 1998-1999, La Magie des lettres a apporté de nombreuses améliorations, tant
aux programmes d’apprentissage qu’aux approches et méthodes de recrutement des
apprenants. Plusieurs outils ont été conçus et mis en œuvre par l’équipe pour
relever la qualité de l’apprentissage. Citons les plans de formation qui fixent
l’objectif et les stratégies développées pour l’atteindre. L’ensemble de cette
démarche est assurée par une concertation entre l’apprenant et son formateur. On
détermine avec l’apprenant quelles sont ses aptitudes de base, son niveau
d’alphabétisation, son style d’apprentissage et ses objectifs en matière
d’éducation. On compile des renseignements généraux sur ses antécédents: ses
accomplissements scolaires, son niveau d’alphabétisme, ses compétences
transférables, le genre de soutien requis, les points forts et les difficultés
en matière d’apprentissage, les objectifs à court et à long terme, ainsi que les
compétences actuelles en lecture, en écriture et en mathématiques. Toutes ces
données servent à la préparation d’un plan de formation indiquant les résultats
escomptés. Le formateur détermine ensuite les outils d’évaluation à utiliser en
fonction des besoins et des objectifs de l’apprenant. Celui-ci participe à
toutes les étapes du processus d’évaluation. Une évaluation continue est prévue
pour s’assurer que les résultats d’apprentissage sont atteints. Les acquis sont
examinés périodiquement et les objectifs ajustés en conséquence.
Les normes du ministère de l’Éducation et de la Formation de l’Ontario ainsi que les nouveaux règlements d’Ontario au travail nous ont permis d’élaborer un plan de formation individualisé orienté vers les buts de l’apprenant. Ce plan tient compte de la réalité du monde du travail et de la formation requise et nous permet d’évaluer l’apprenant en tenant compte des démonstrations de résultats d’apprentissage réalisés.
La Magie des lettres, au mois d’août dernier, recevait du Secrétariat national à l’alphabétisation, un montant de 50000 $, alloué au développement et à la recherche d’un programme d’alphabétisation familiale. Le projet s’intitule Je veux apprendre, guide-moi... L’objectif premier de ce projet est de favoriser l’alphabétisation chez les enfants d’âge préscolaire des familles francophones identifiées à risque afin de briser le cycle de l’analphabétisme qui se perpétue dans ces familles. Des trousses ont été développées portant sur les différents thèmes d’apprentissage, tels : les lettres, les chiffres, les formes et les couleurs, l’habillement, le temps et les saisons, la santé et l’alimentation, le corps humain, la sécurité et les transports, les animaux, l’environnement et les arts, qui servent d’outils de base du projet Je veux apprendre, guide-moi... Après un survol du projet suivi d’une élaboration d’un plan d’action, plusieurs lectures et recherches ont permis de développer des ateliers pour les parents sur les compétences parentales, soit : les besoins, la communication, la discipline, la motivation, les relations sociales, les réussites, les valeurs, la santé et l’alimentation.
Mise en oeuvre du Centre d'Excellence
La vision d’avenir est de faire de La
Magie des lettres un Centre d’excellence en insertion sociale et en intégration
au milieu du travail. Un centre qui permettra tous les apprentissages et qui
amènera cette clientèle bien particulière à intégrer le marché du travail et à
réussir à s’insérer dans une société qui les a marginalisés. Le concept du
Centre d’excellence vise à appuyer et à promouvoir, du préscolaire par le biais
de l’alphabétisation familiale jusqu’au niveau secondaire ou collégial,
l’insertion sociale et l’intégration au milieu du travail grâce à
l’intervention, l’interaction, la participation et l’appui directs de diverses
ressources communautaires complémentaires, fournies par le biais d’associations
stratégiques ou de partenariats établis à partir de différents milieux
intéressés à aider les francophones à développer leur langue, leur culture et
leurs habiletés particulières.
Les deux dernières décennies ont permis de montrer l’apport de l’alphabétisation dans le développement des individus. Maintenant que les différents gouvernements, municipal, provincial et fédéral reconnaissent cet apport, les deux prochaines décennies connaîtront une progression importante des services reliés à l’alphabétisation. De par son expérience et son expertise reconnues dans le domaine, son personnel compétent et engagé, son conseil d’administration très actif, sa situation financière saine, La Magie des lettres peut et veut permettre à la collectivité francophone d’Ottawa-Carleton, de l’Ontario, et du Canada français de bénéficier pleinement de ces compétences. Le premier atelier d’alphabétisation fut l’élément déclencheur du long cheminement vers la formation du Centre d’excellence en insertion sociale et en intégration au milieu du travail à vocation provinciale qui puisse offrir, à tous les intervenants, les ressources nécessaires pour assurer une formation de qualité en français et ce, à tous les adultes francophones, sans égard à leur croyance religieuse, leur sexe, leur origine ethnique, leur milieu économique ou leur condition sociale.
La Magie des lettres croit que tous les francophones d’Ottawa-Carleton, nonobstant leurs niveaux de scolarité ou leur situation économique, sont des citoyens et citoyennes à part entière, capable d’apporter une contribution sur les plans politique, économique, social et culturel à leur communauté. Elle s’est donc donné une mission de favoriser le développement des francophones d’Ottawa-Carleton dans leur communauté, sur les plans social, politique, économique et culturel en fournissant à ceux qui en ont le plus grand besoin des services d’alphabétisation et d’apprentissage du français.
Conclusion
La Magie des lettres est engagée socialement et politiquement dans plusieurs
actions menées par la communauté en vue de favoriser l’éducation des adultes
francophones. L’alphabétisation est certes un droit fondamental des individus,
mais aussi un facteur déterminant au plan économique national et international.
L’alphabétisation peut générer des économies importantes dans le système d’aide
sociale, notamment en contribuant à réduire le phénomène de l’exclusion et de la
marginalisation causé par l’analphabétisme et le manque de maîtrise de
l’information écrite. En effet, plusieurs études révèlent que chaque dollar
investi dans un bon programme d’alphabétisation génère à long terme une
importante épargne sur les éventuelles mesures de « redressement » dans les
services éducatifs, les dépenses judiciaires liées à la criminalité et les coûts
d’aide sociale. Ces études révèlent également qu’un citoyen instruit est
essentiel à une économie moderne et compétitive. Ce sont autant de raisons qui
motivent l’engagement de La Magie des lettres au profit de l’alphabétisation
communautaire.
Après 14 années d’exercices, La Magie est devenue une référence dans le domaine de l’alphabétisation. Étant donné sa riche expérience, tant organisationnelle qu'en ce qui concerne la qualité des services, La Magie des lettres occupe désormais un rôle d’avant-garde qui profite à l'ensemble du mouvement de l'alphabétisation francophone en Ontario. L’engagement de La Magie des lettres à la cause de l’alphabétisation francophone en Ontario a sensibilisé la communauté sur l’importance des enjeux économiques et politiques reliés à l’éducation des adultes. Toutes les études confirment le lien qui existe entre le niveau d'alphabétisme des gens et celui de leur qualité de vie. Voilà la meilleure raison pour promouvoir l’alphabétisation au sein de la communauté et briser l’isolement des personnes qui ont de la difficulté à lire et à écrire, et par conséquent, à vivre dans des sociétés résolument bâties sur l’écrit.
La *problématique du suicide chez les jeunes
4. Appel
Références
De toute évidence, le problème du suicide chez les jeunes prend des proportions de plus en plus alarmantes, un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. Au Canada, le suicide chez cette catégorie de la population se place au deuxième rang parmi les causes de mortalité. L’ampleur du fléau n’exige pas moins qu’une mobilisation collective en vue de renverser la tendance de sa progression.
En raison des aspects émotifs qui entourent l’acte du suicide, il est souvent malaisé d’en parler. Ce qui ne favorise pas une prise en charge conséquente du problème, bien qu’il en soit un des plus graves auxquels font face nos sociétés modernes. «Encore que le taux de suicide chez les jeunes, selon Ghislaine Bouchard, M.Ps. Psychologue, est sous-estimé puisqu’il ne tient compte que des suicides officiels et exclut ceux déguisés en accidents.»
La problématique du suicide chez les jeunes
Nous savons que l’adolescence est une phase cruciale dans la vie d’un individu. De multiples changements s’opèrent dans le corps et dans l’esprit durant cette phase de transition de l’enfant vers l’adulte. Ces changements ne se font pas sans conflits et déchirements d’ordre psychique ou affectif. D’où, cette certitude largement partagée que l’adolescence reste la période la plus susceptible d’engendrer des comportements suicidaires. Si le geste intervient à ce moment précis de l’existence, cela ne signifie pas qu’il est causé par un facteur immédiat, et plusieurs recherches parlent de «cumul» de problèmes qui atteignent leur point culminant à l’adolescence et provoquent chez le jeune l’idée de suicide.
L’adolescent vit des conflits aussi bien dans sa relation avec son nouveau corps qu’avec ses parents et son environnement. La charge émotionnelle à cette époque de la vie d’un individu est impressionnante. «Le côté émotif est mis à vif, tout est chambardé : le corps, les relations, les exigences envers soi. Sur le plan psychologique, l’adolescent est impulsif, hypersensible, susceptible, émotif, impatient, il est constamment en déséquilibre, en état de conflit, il a l’impression d’être seul.»
Toutefois, note l’auteur cité précédemment, la crise de l’adolescence n’est pas toujours suicidaire; elle peut être une occasion de croissance tout comme elle peut dégénérer en crise suicidaire.
Qui est le jeune suicidaire?
Le jeune qui se suicide est un individu qui à un moment de sa vie se sent soudain très vulnérable et incapable de faire face aux difficultés. Son estime de soi est au plus bas et généralement, il a tendance à s’isoler, car convaincu que personne ne pourra l’aider à s’en sortir. La présence de problèmes de santé mentale rend le jeune encore plus fragile et exposé au suicide. Chez lui, l’idée du suicide prend la forme d’une solution à ses problèmes. Selon M. Tousignant Ph. D., Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale (Université du Québec à Montréal), «le suicide est une contrainte et une revanche contre le sentiment d’impuissance à faire changer la situation problématique. L’objectif est souvent de changer sa vie plutôt que d’y mettre fin (…) Les jeunes qui se suicident ont des problématiques sociales lourdes qui découlent souvent des situations familiales vécues au cours de l'enfance et de l'adolescence.»
Indicateurs statistiques
Canada
De toutes les catégories de la population, les jeunes sont les plus susceptibles à se suicider. Et cette tendance est vérifiée au niveau de l’ensemble des provinces. Si le taux de suicide est alarmant pour la population en général (3 941 suicides recensés au Canada pour la seule année 1996, soit 11 par jour), le taux est encore plus dramatique quand il s’agit des jeunes. Les différentes statistiques démontrent la gravité du phénomène et surtout son augmentation ces dernières années. Le suicide chez les jeunes a presque doublé entre 1970 et 1996. À tel point, qu’il en est devenu la deuxième cause de mortalité chez la catégorie des 15 à 19 ans. Le taux est encore plus élevé chez la catégorie des 20-24 ans.* Notons que 90 % des adolescents décédés par suicide ont souffert de problèmes psychiatriques.*
Dans une étude faite au Nouveau Brunswick et présentée à la Division de la santé mentale, on note que 47 % des suicides se produisent entre 20 et 40 ans. Ce pourcentage de décès par suicide est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Le taux de suicide des jeunes dont l’âge varie entre 15 et 19 a également doublé entre 1990 et 1993, selon la même étude. En somme les chiffres publiés dans cette étude, relativement aux différentes catégories de la population, correspondent plus ou moins à la moyenne nationale.
La situation n’est guère meilleure au Québec et en Ontario. Au Québec , les chiffres concernant les suicides de jeunes sont tout aussi alarmants, sinon plus. Ils
se situent au-dessus de la moyenne canadienne. «C’est la première cause de
mortalité chez les adolescents. En 1993, le taux de décès par suicide était de 18,1 pour 100 000 habitants au Québec, tandis que celui de l’ensemble du Canada était de 12,9 pour le même nombre d’habitants», selon Monique Séguin et Mélanie Bouchard, respectivement professeur et étudiante en psychologie, Université du Québec à Hull.
Les nombreuses études réalisées au cours des dernières années permettent d’identifier les principaux facteurs de risque qui contribuent à fragiliser certaines personnes devant les difficultés de la vie. Dans «Comment comprendre les personnes suicidaires»*, trois facteurs de risque sont mis en évidence. Il s’agit :
1. Des facteurs de risque dits individuels : ceux-ci renvoient aux désordres psychiatriques, tels la dépression, l’anxiété, les troubles de la personnalité, lesquels peuvent conduire le jeune à passer à l’acte de suicide. La plupart des adolescents vivent à un moment donné une peine d’amour. Selon les études réalisées, les jeunes suicidaires ont tendance à s’engager plus intensément dans leur relation amoureuse et la rupture de celle-ci les marque profondément. La douleur est si intense qu’elle devient insupportable à l’adolescent qui a l’impression de ne jamais s’en remettre et que sa souffrance n’aura pas de fin. D’où l’idée du suicide.
1. Des facteurs de risque d’ordre familial : c’est la première raison qu’invoquent les adolescents suicidaires. Pour les jeunes, la présence d'un problème grave dans la famille est un facteur de risque important. Bien qu’il y en ait d’autres tout aussi néfastes, les conflits parentaux, les abus physiques ou moraux des enfants, un climat de violence, contribuent largement au développement de la crise suicidaire chez l’adolescent. Cette situation est aggravée quand s’ajoutent l’absence de communication, l’incompréhension, le manque de soutien, les attitudes négatives ou négligentes des parents envers le jeune, etc.
1. Des facteurs de risque psychosociaux : Il est admis que le suicide est le point de convergence de plusieurs facteurs de risque. La drogue et l’alcool ne sont pas des moindres. Dans ce dernier, on mentionne entre autres, le suicide par imitation ou par contagion. Le jeune pourrait imiter le geste d’un proche, d’un ami, ou même d’une personnalité publique. Mais, il convient de préciser que des études menées depuis une soixantaine d’années, montrent que certaines personnes ont une vulnérabilité génétique. Donc, le jeune peut être influencé par le suicide d’une tierce personne.
Les signes avant-coureurs
Selon de nombreuses recherches, les personnes suicidaires donnent des signes et des messages de leur intention de passer à l’acte. Ce sont autant d’appels à l’aide adressés à l’entourage. Michel Tousignant de l’Université du Québec à Montréal parle de plusieurs indices dont :
|
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manque
d’attention en classe, mauvaise concentration; |
Comment agir?
Il est important de savoir qu’il n’est jamais trop tard pour intervenir. Selon
les chercheurs, la peur du suicide est présente jusqu’au dernier moment et le
processus peut donc être interrompu en tout temps. Voici quelques-uns des gestes
à poser selon les professionnels de la santé mentale.
2. Si vous avez des idées suicidaires :
Parlez
absolument de vos sentiments à vos parents et amis, à un membre du clergé, à un
enseignant, à un conseiller professionnel;
exprimez-vous par la musique, l’écriture, le théâtre, le sport;
tournez-vous vers l’extérieur;
faites du bénévolat;
inscrivez-vous à un club;
consultez le Réseau Ado (un programme de santé mentale dirigé par des jeunes
pour les jeunes) ou l’Alliance nationale des jeunes;
voir Mauve, un cédérom primé : des adolescents parlent des difficultés de la vie
à d’autres adolescents.
3. Si vous êtes en présence d’un jeune suicidaire :
Briser l’isolement que vit le jeune et aborder directement le sujet du suicide;
Parler du suicide n’incite pas au passage à l’acte. Au contraire cela permet de briser l’isolement de l’adolescent, d’exprimer ses souffrances;
Lui donner la possibilité de parler des choses qui le préoccupent.
L’amener à
exprimer ce qu’il ressent et vit par rapport à cette situation.
Lui exprimer notre disponibilité et écouter sans juger, éviter de brusquer, de
se moquer, de culpabiliser ou de faire la morale;
Éviter de
minimiser les difficultés du jeune, ce qui peut sembler un problème mineur pour
soi-même représente un problème majeur pour la personne qui souffre;
Rendre les lieux sécuritaires : enlever les armes à feu, médicaments et autres
objets dangereux;
Faire accepter au jeune l’aide d’un professionnel ou l’amener à l’urgence d’un
hôpital si le risque demeure élevé.
Prévention du suicide chez les jeunes
La prévention du suicide chez les jeunes s’impose en véritable défi pour la société. Il y a donc urgence à mettre en œuvre des programmes qui répondent adéquatement aux préoccupations des intervenants dans ce domaine très sensible. Cela implique nécessairement une collaboration à grande échelle et la mobilisation de ressources importantes, tant humaines que financières.
Les statistiques indiquent que 90 % des adolescents décédés par suicide ont souffert de problèmes psychiatriques. Cela ouvre une importante piste pour la concentration des efforts en vue d’une prévention efficace de ce fléau. La prévention peut prendre différentes formes, le principal étant que le message passe et que le suicide cesse d’être une solution aux yeux de nos adolescents en détresse. La prévention doit toucher tous les milieux qui interviennent auprès des jeunes, notamment la famille, l’école, les associations et organismes d’intervention sociaux, les groupes de jeunes, les professionnels de la santé, etc.. Les échanges peuvent se faire sous forme de conférences, d’ateliers, de groupes de discussion, de rencontres conviviales, de séminaires d’information et de formation, de journées d’études, etc..
L’initiative Réseau Ado
À ce chapitre, il convient de souligner l’excellent travail mené par Réseau Ado, un mouvement de jeunes qui a mis sur pied un programme bilingue de promotion de la santé mentale et de prévention de la maladie chez les adolescent.e.s.
La conception et la mise en œuvre de Réseau Ado ont fait suite à une enquête menée par l’Association des psychiatres du Canada en 1993. Selon cette enquête, les jeunes se sentent profondément insatisfaits des services «adultes» de santé mentale. Il y avait donc urgence à leur offrir une autre alternative. Ce à quoi Réseau Ado semble répondre favorablement d’après les résultats des rencontres et groupes de discussion, organisés par Réseau Ado et les opinions des jeunes qui ont participé à ces activités. Réseau Ado est géré par les jeunes au profit des jeunes. La démarche cible le développement du potentiel des jeunes pour s’entraider et trouver des solutions à leurs problèmes. Les participants proviennent d’écoles secondaires, de centres de jeunes, de centres d’accueil, de centres communautaires, de centres de traitement, etc.. Réseau Ado a, jusqu’à maintenant, mis sur pied 150 groupes de discussion dans l’ouest du Québec et dans l’est de l’Ontario. Les fonds qui seront recueillis durant la campagne de financement combleront les besoins professionnels et financiers nécessaires à la réalisation des différents programmes inscrits dans la démarche des jeunes.
Témoignages de jeunes animatrices
Françoise Drouins :
«Mon travail avec le Réseau Ado / Youth Net m’a permis de rencontrer quelques centaines de jeunes de la région de l’est de l’Ontario et de l’ouest du Québec. Ces jeunes, en dépit de leurs problèmes, ont montré beaucoup d’enthousiasme et d’intérêt aux discussions. Ils ont exprimé leurs opinions et ont partagé avec nous leur vécu, leurs craintes et leurs intérêts, ainsi que leurs revendications pour améliorer les services auprès des jeunes. Ce fut pour eux une chance de s’affirmer, d’avoir une voix, avec des animateurs et animatrices jeunes et ouverts d’esprit. En général, ils nous ont dit avoir beaucoup apprécié leur expérience. Ce fut également, pour moi, un privilège de rencontrer ces jeunes et de partager ces moments avec eux. Ma satisfaction est encore plus grande de savoir que les jeunes en difficulté peuvent désormais compter sur un réseau de pairs pour les aider à se réconcilier avec la vie.»
Julie Wilson :
«J’ai travaillé avec une cinquantaine de groupes et à chaque fois, j’ai rencontré des adolescents intéressés à savoir plus sur le problème du suicide. Je pense que c’est surtout à cause de l’originalité de la démarche. En effet, les jeunes qui ont participé aux groupes ont tous déclaré leur satisfaction de pouvoir s’exprimer et échanger avec des jeunes comme eux, plutôt que de devoir le faire avec des professionnels. Ils sont plus à l’aise, ils s’expriment ouvertement, se laissent aller et parfois pleurent sous l’intensité émotionnelle de leur témoignage. Ils sont convaincus qu’étant jeunes comme eux, nous comprenons leurs angoisses et par conséquent, ils nous font confiance.
Des initiatives comme Réseau Ado peuvent réellement faire la différence dans la vie des jeunes en difficulté. Discussions, distribution de l’information dans les écoles, entre autres, rencontres, etc. sont des activités qui portent fruit auprès des jeunes. Notre aide peut-être directe, mais aussi indirecte, puisque les participants peuvent avoir dans leurs relations d’autres jeunes qu’ils pourront aider grâce à l’information obtenue. Je suis heureuse de faire partie de cette chaîne d’espoir que de nombreux adolescents voient comme “la lumière au bout du tunnel”, selon leur propre expression.»
La campagne de sensibilisation de la Fondation Richelieu International
Les clubs Richelieu qui s’impliquent dans des œuvres humanitaires au Canada et au Québec depuis plus de 50 ans ont décidé d’investir toutes leurs ressources pour aider la société à contrer ce véritable fléau qu’est devenu le suicide chez les jeunes. À ce titre, La Fondation Richelieu International s’est engagée à en faire une question prioritaire dans sa démarche quinquennale actuelle. Concrètement, La Fondation a entrepris une vaste campagne de sensibilisation vis-à-vis du problème du suicide chez les jeunes. Il s’agit de recueillir la somme d’un million de dollars en l’an 2000 nécessaire au financement des programmes de lutte et de prévention du suicide chez les jeunes. Grâce à ce montant, tous les jeunes du pays disposeront d’un réseau qui leur est propre et où ils pourront s’exprimer sur leurs difficultés et se concerter pour y trouver les solutions adéquates.
RÉFÉRENCES
1. Comment comprendre les personnes suicidaires? Monique-Séguin, professeure et Mélanie Bouchard, étudiante, Université du Québec à Hull, Vie Richelieu, Volume 48 N° 1 HIVER 2000.
1. Jeunesse et santé mentale, études quantitatives et qualitatives des groupes de discussion du Youth Net/Réseau Ado, août 1997.
2. Le suicide à l’adolescence, Mme Ghislaine Bouchard, M.Ps. Psychologue (Nouveautés Bulletin Informations Communauté).
3. Rien n’arrête le suicide chez les francophones, Sylvie Mousseau, L’Acadie NOUVELLE.
2. Innovations in mental health, Dr Ian Manion, Département of Psychiatry, Children’s Hospital of Eastern Ontario, Paediatr Child Health Vol 2 N° 6 November/Décember 1997.
4. Doit-on centrer nos efforts sur le portrait-robot de la personne qui se suicide? Michel Tousignant Ph. D. Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale, Université du Québec à Montréal.
5. La dépression, Hélène Lebel et Richard Paquette, Psychologues, M.A. PsychoMédia Senc
3. Le rôle du médecin omnipraticien Dr Patricia Garel, Actes du colloque : Les multiples visages des troubles de l'humeur chez l'enfant et l'adolescent Novembre 1997, la faculté de médecine de l'Université de Montréal.
http://www.richelieu.org/ (Richelieu International)
http://www.santé.ca/ (Santé Canada)
http://www.psychomedia.qc.ca/ (PsychoMedia Senc)
www.cam.org/aqs/ (Association québécoise de suicidologie)
DÉPLIANT POUR LA
CAMPAGNE DE RICHELIEU
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Dans notre cour,
Dans les rues…
Dans nos villes…
Ailleurs au pays…
Partout dans le monde…
Des jeunes ont besoin
De nous.
Voilà pourquoi la Fondation Richelieu International s’est donnée comme priorité de contribuer au
bien-être de nos jeunes.
Les jeunes sont notre avenir!
Leur santé nous tient à cœur!
Leur bien-être = le mieux-être général!
Donnons-leur les moyens :
de s’organiser;
de s’exprimer;
de se prendre en charge; et
de dominer leur vie!
Fidèle à ses engagements, La Fondation Richelieu investit toutes ses ressources dans cette campagne qui vise à recueillir la somme d’un million de dollars en l’an 2000. La Fondation ne ménagera aucun effort et sollicitera toute personne et organisme susceptibles d’aider les jeunes à atteindre leurs objectifs dans la lutte contre le fléau du suicide. Notre contribution à tous fera la différence!
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Le Réseau Ado est une des initiatives mises en œuvre par les jeunes pour la prise en charge du problème de suicide. Leur credo :
CONTRER ET PRÉVENIR LE SUICIDE CHEZ LES JEUNES À grande l’ÉCHELLE
Il s’agit d’une initiative à travers laquelle les jeunes, qui refusent la fatalité, visent à renverser la tendance alarmante des statistiques portant suicides chez cette catégorie de la population. En Amérique du Nord et dans la plupart des pays d’Europe, le suicide figure parmi les dix premières causes de décès. En 1996, on a dénombré 3 941 suicides au Canada, soit 11 par jour. Ce sont les jeunes hommes qui sont les plus susceptibles de se suicider. Pour les jeunes de 15 à 19 ans le taux de suicide a presque doublé entre 1970 et 1996.
Devant l’ampleur du drame, la Fondation Richelieu international lance une campagne de sensibilisation d’envergure internationale pour aider les jeunes à s’organiser et à créer des programmes et des espaces et disposer ainsi, de la possibilité de parler, d’exprimer leurs frustrations, de partager des renseignements, des idées et bien sûr des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent.
Page de couverture (1ère colonne gauche)
Le suicide chez les jeunes est un problème qui se pose en terme d’urgence dans nos sociétés modernes.
Au Canada, le taux de suicide chez les jeunes est en augmentation constante et constitue la deuxième cause de mortalité.
Ensemble
nous pouvons renverser la tendance!
Qu’est-ce que le sucide? sinon :
un trop plein de souffrances qui semble insurmontable;
un cri de détresse qui n’a pas trouvé d’écho;
un appel à l’aide qui n’a pas été entendu;
ensemble,
stoppons le geste du désespoir!
Comment reconnaître l’intention suicidaire?
ü Signes comportementaux : réclusion, changement extrême d’humeur, don d’objets dispendieux, perte d’appétit, crises de larmes, etc..
ü Signes affectifs : anxiété, confusion, désespoir, frustration, fatigue chronique, humeur dépressive persistante, rémission spontanée, etc..
ü Messages verbaux directs : ex. «j’ai trop mal, je veux mourir, etc.»
ü Messages verbaux indirects : ex. «je suis inutile, je trouve telle personne courageuse de s’être suicidée, dans quelque temps je vais enfin me sentir bien, etc.»
* Source : Santé Canada
* Idem
Docteur David BRENT, professeur de psychiatrie et du développement humain à l'Université de Pittsburgh.
Repris dans l’Acadie Nouvelle
* D’Amours, 1995 cité dans «Review of evaluative research on suicide intervention and prevention programs for young people in Canada
* module de psychologie, Monique Séguin, professeur et Mélanie Bouchard étudiante (Université Québec, Hull)