Extraits des rapports de:

 

Zehira Houfani (Montréal)
Lisa Nedjuru (Montréal)
Martin Edwards (anglais) - Californie
Robert Turcotte (Québec)

 




...de Zehira et Robert

Vendredi 14 mars- C'est vendredi, jour de repos et de prière pour les Musulmans. Nous nous rendons au marché des livres usagés dans un quartier délabré, totalement à l'abandon, laissant transparaître des marques des bombardements de 1991. Il y a foule.

Tout le long de la rue des marchands offrent des livres dans différentes langues et d'une très grande variété de contenus. Nous profitons pour distribuer des tracs, écrits en arabe, informant des raisons de notre présence dans ce pays aux gens qui nous observent le plus. La réaction est spontanée, ils nous remercient de notre présence et de notre solidarité, nous souhaitent la bienvenue et serrent la main de Robert et des autres membres.

Les gens sont courtois, polis et offrent de nous aider en cas de besoin. Certains semblent confient qu'il n'y aura pas d'attaque. Toutefois on constate une certaine méfiance entre eux. Les conversations sont de courte durée et ils regardent toujours autour d'eux comme s'ils craignaient d'être dénoncés de transmettre des informations. Ce sentiment me fut confirmé par un étudiant algérien qui parle très bien français. Il dit qu'on ne voit pas de militaires, mais qu'il y a plusieurs civils qui travaillent pour les services de renseignements du gouvernement.

Notre chauffeur de taxi et guide attitré est vraiment mal à l'aise de nous voir Zéhira et moi prolonger la discussion en français avec cet étudiant sans qu'il puisse comprendre la langue. Zéhira lui explique que c'est un compatriote de même origine qu'elle pour le calmer un peu. Il dit que c'est pour nous protéger qu'il agit ainsi. Nous quittons l'endroit pour aller se joindre à d'autres groupes de pacifistes de l'Espagne, du Mexique, de la Hollande, de l'Allemagne qui vont lire un manifeste contre la guerre et l'élimination de populations civiles. Ils sont en place avec banderoles et grandes affiches devant le site d'un abri antimissile.

C'est le fameux abri d'El-Amiria qui fut construit pour protéger 500 femmes et enfants pendant les bombardements de la guerre du golfe en 1991. Les États-Uniens n'ont jamais voulu croire qu'il n'y avait que des civils dans cet abri. Ils ont d'abord lancé un premier missile dans la bouche d'aération pour élargir l'entrée puis un second à l'intérieur. Des 500 personnes qu'il abritait seulement 4 ont survécu. Ils se sont bien gardés de publiciser ce massacre comme ils le font dans toutes leurs guerres. De l'intérieur nous pouvons observer l'étendu des dégâts. Des photos de toutes les victimes y sont exposées et un cimetière se situe derrière l'abri. De nombreux journalistes assistent à notre manifestation.

Une trentaine d'enfants irakiens sont venus chanter et crier non à la guerre, non à Bush oui à Saddam. Nos divers déplacements à travers plusieurs quartiers de la ville nous permettent de constater une fois de plus, que rien ne laisse présager une guerre; Aucun militaire en vue, ni mouvement de blindés ou autres. En observant bien on peut remarquer qu'à l'intérieur de certains immeubles des poches de sables sont empilés pour former des abris. Lors de la rencontre de tous nos membres nous apprenons que les trois hôtels qui nous hébergent possèdent des abris antimissile au sous-sol. Aussi, qu'un grand hôtel, voisin d'un important centre des communications, habritant de nombreux journalistes et militants, a commencé à être évacué. En soirée, quatre d'entre-nous allons à un spectacle de chants arabes dans un petit théâtre. Martin demande des explications à son voisin de banquette et ce dernier l'invite à discuter avec lui à l'extérieur. Il est professeur d'université. Il lui dit que jamais les autorités nous laisseront sortir du pays dans une boîte car ils feront tout pour nous protéger.




...de Zehira

16 Mars 2003- Vu que la visite à l'hôpital El-Mansour a été annulée, je profite de la visite d'une délégation asiatique de Paix pour me rendre à l'université de Baghdad. Les membres de la délégation provenaient de 4 pays d'Asie, à savoir, Philippines, Indonésie, Corée et Pakistan.

Après la rencontre avec les officiels irakiens, nous avons interrogés les étudiants du département de la langue anglaise sur la situation dans leur pays, et sur la menace de guerre américaine. Précision : La salle est à majorité écrasante de filles, seuls 2 étudiants représentent l'autre sexe. En réponse à notre question ; ils étaient unanimes pour dire leur incompréhension du reste du monde à leur égard, notamment pour ce qui est de l'implacable politique des sanctions économiques sur leur pays et les conditions de vie quasi-inhumaines qui en découlent pour les populations.

À la question est-ce que les Irakiens accueilleraient les Américains en tant que libérateurs? Réponse franche, sans équivoque : jamais! Les Américains ne seront rien d'autres que des agresseurs du peuple irakien. À la fin de la période questions-réponses, je demande au responsable du ministère des affaires étrangères irakiennes, la possibilité de m'entretenir plus longuement avec des étudiantes. Ce qu'il m'accorda. J'ai eu donc l'opportunité de parler à Niam, Sabaa, Racha et Rafia, toutes âgées de 20 ans. La discussion est à bâtons rompus.

Du fait que je parle arabe et que mon pays, l'Algérie, a plutôt bonne figure dans l'histoire contemporaine des Arabes, les jeunes filles m'entretiennent sans barrières et s'expriment sur des sujets aussi variés que la politique internationale des Etats-Unis, la question du voile chez les femmes musulmanes, la destruction de la société irakienne sous le joug des sanctions économiques, la politique d'agression de l'État d'Israël vis-à-vis des Palestiniens, l'incapacité du monde arabe à défendre ses intérêts et ses populations, notamment la ligue arabe qui n'a jamais, depuis sa création, résolu le moindre problème des pays membres.

Bien qu'elles divergent sur certaines questions, notamment le port du voile, que et la notion de démocratie chez les occidentaux, les 4 jeunes filles vivent la même inquiétude sur l'avenir imminent de leur pays. Pour Racha, le problème du voile est secondaire. " Nous n'avons jamais eu à nous préoccuper plus que cela, en Irak, c'est une affaire individuelle. On a jamais exigé de ma mère qu'elle le portât et elle ne l'a pas fait avec moi. Bien sûr, le voile aide beaucoup de femmes qui n'ont pas les moyens de se vêtir autrement avec le coût exorbitant de la vie alors que peu de monde parviennent à gagner un dollar par jour.

Les jeunes filles m'ont demandé de dire aux Américains, que le peuple irakien n'est pas violent, qu'il n'est pas terroriste et qu'il ne comprend pas pourquoi est-ce que les Etats-Unis s'acharnent contre lui depuis plus de 12 ans. Rafia insiste qu'elle a perdu son père lors de la guerre du Golfe, que ses 2 frères en sont handicapés pour toujours. Pourquoi est-ce que les soldats américains et britanniques vont encore détruire le peu qui reste de mon pays et de mon peuple? J'ai parlé de la grande mobilisation de soutien à travers le monde, de la position de certains pays anti-guerre et de mon espoir que ces forces allaient empêcher l'agression américaine contre leur pays.

À l'expression de leur regard, je me suis rendue compte que la lueur d'espoir était plus que faible. Surtout, quand Racha ajoute : Je crois que les populations sont un peu comme chez nous, elles ne décident de rien. En Amérique, on frappe les manifestants. C'est bush qui décide. Au bout de 1h 30 d'entretien, je quitte les étudiantes, le cœur partagé entre ce refus obstiné de croire à la guerre et cette poignante réalité qui la rendait inéluctable, tant dans l'air que dans les esprits.

17 MARS 2003- Un jour de tension. Un de plus. L'équipe de paix en Irak a dû annuler la plupart des sorties et visites programmées pour cette journée. Et pour cause, les nouvelles internationales n'avaient rien de rassurant. Les Américains de notre équipe sont convaincus d'une frappe imminente et nous, du Québec, continuons de refuser cette fatalité. " L'humanité empêchera Bush de la soumettre, de la détruire ", me forçais-je à penser.

Toute cette journée, nous la passâmes à nos préparatifs d'urgence. Des scénarios furent élaborés et les membres ont testé leurs réactions face à différentes situations auxquelles, ils pourraient faire face en cas d'attaque. Un autre volet sera discuté lors d'une seconde réunion de la journée. Il porte sur la violations des droits humains des civils durant l'invasion américaine. IPT a préparé des documents pour interroger les victimes civiles irakiennes des bombardements et autres attaques américaines afin de confectionner des dossiers portant crimes de guerre en Irak et devant être présenté à la cour internationale de justice.

Nous avons fait une visite à l'abri de l'hôtel pour s'enquérir des besoins à combler pour recevoir environ une centaine de personnes. Quelques membres de l'équipe sont chargés de faire les achats nécessaires. Toujours au plan de l'urgence, April, le médecin de l'équipe, offre une formation sur les premiers secours.

19 Mars 2003- Aujourd'hui l'équipe IPT a décidé d'organiser une activité à l'extérieur. Nous voulions faire une marche de solidarité avec le peuple Irakien. Le Pont El Mansour, pas loin de notre hôtel a été proposé comme lieu de rassemblement de l'équipe. Les représentants irakiens nous font savoir que nous ne pouvons pas nous rendre jusque-là compte tenu de la menace imminente des frappes américaines et britanniques.

La décision est donc prise de marcher avec nos pancartes et nos slogans, faire un petit détour d'environ 500 mètres et revenir manifester notre présence en face de l'hôtel Palestine qui abrite un nombre important de médias étrangers. Martin et Robert, partis faire les achats d'urgence, reviennent juste à temps pour participer à la manifestation. De nombreux véhicules s'arrêtent pour nous saluer, klaxons et signes de paix.

De nombreux journalistes viennent à notre rencontre et réalisent des entrevues avec les membres de IPT. Nous avons distribué des tracts. J'ai eu l'occasion de rencontrer 2 Marocains, venus comme boucliers humains. Nous échangeames sur l'attitude peu réjouissantes des pays arabes face à la guerre contre l'Irak. L'un des Marocains est un député du parti pour la justice et le développement. Sa mission en Irak s'inscrivait dans ces principes.

Ce soir, l'ambiance est très différente. La plupart des commerces sont fermés, les restaurants inclus, y compris celui de notre hôtel. Nous avons dû chercher des pizzas avec l'aide des employés de l'hotel qui connaissaient le patron d'une pizzeria. Certains membres de IPT ont décidé d'aller installer des tentes à la station des traitement des eaux et attendaient l'autorisation des représentants irakiens pour s'y rendre. Ils n'ont pas pu l'avoir, l'explication étant qu'il n'y aura pas d'attaque pour cette nuit pour cause de brume épaisse, selon les représentants irakiens.

20 mars 2003- Cette nuit, nous avons très peu dormi. En suivant l'actualité internationale, nous restons accroché à l'idée d'être bombardés d'une minute à l'autre. Nous avons reçu comme instruction de ne pas fermer nos fenêtres et nos portes afin de libérer le souffle des bombardements et limiter les risques d'explosion des vitres.

La ville de Baghdad semblait innocente de ce qui se préparait contre elle, belle est sereine, elle s'étalait majestueuse sur les rives du Tigre. Ne pouvant dormir, Matin et moi, nous avons passé beaucoup de temps à discuter de culture, relation entre les peuples et même de religion. Nous avons parlé de mon livre Lettre d'une musulmane aux nord-américaines où j'explique ma vision du monde en tant que Musulmane et Martin me dit qu'il est très intéressé à en faire la promotion aux Etats-Unis. Il pense organiser pour moi des rencontres dans sa communauté afin que je puisse parler du contenu de mon livre. J'ai promis de lui faire parvenir une copie en anglais aussitôt que la traduction sera faite à Montréal.

C'est au petit matin que mon lit se mit à bouger, sous l'impact des premiers bombardements. April et moi, nous courûmes au balcon pour voir les explosions. EN quelques minutes, de nombreux points fumaient à l'horizon. Le palais présidentiel s'est fait bombardé plusieurs. Un immense incendie s'élevait dans le ciel, alors que la fumée noire envahissait tous les alentours. Les bombardements s'intensifiaient, tandis que la peur des premiers instants s'est transformée en colère. " Maudits soit Bush! me répétai-je sans cesse. Mon Dieu, faites que leurs avions explosent en plein ciel au lieu de larguer leurs bombes sur les populations irakiennes. " J'entendais April murmurer en anglais : " Jesus, Jesus ". Mais rien n'entrava les frappes américaines, ni ma colère, ni les prières de Martin et d'April. Le cauchemar a désormais commencé.

22 mars 2003- Avec d'autres membres de IPT, je me rends sur les différents sites bombardés durant la nuit. Le bâtiment du ministère de la planification est largement détruit. Les ruines du Palais présidentiel sur la rive du Tigre fument encore des heures après avoir été bombardé. Sur la rue El-Mansour, le missile est tombé à 20 h.

Plusieurs résidences ont été endommagées sous l'impact des explosions. Mohamed Nadjih, 70 ans a été blessé alors qu'il marchait non loin de sa maison, soufflée elle aussi par les missiles. Le mur d'une autre résidence s'est effondré sur ses occupants, dont Fatma, une enfant de 10 ans, blessée à la poitrine et aux 2 bras.

Les traces des bombardements sont partout présents et bientôt Baghdad défigurée par la haine, la bêtise et les bombes, ne ressemblera plus à Baghdad la merveilleuse, Baghdad des mille et une nuits fauchée par le monstre américain.

Juste en face de ma chambre d'hôtel, Al-Andalus, sur la rive du Tigre s'affichent les décombres de la marina, avec toutes les carcasses encore fumantes des bateaux sur fond de terre brûlée. Le spectacle m'empoigne le cœur et je maudis ces faiseurs de guerres et de désastres qui osent parler au monde de paix et de démocratie.

En fin d'après-midi, j'accompagne Peggy au camp de la station de traitement des eaux. Nous arrêtons chez des commerçants irakiens pour nous ravitailler en nourriture et fruits. Dès que je parle arabe, les Irakiens tentent de deviner mon origine par l'accent, souvent avec succès, quelques fois, ils me prennent pour une Marocaine ou Tunisienne. Nous achetons des sandwichs au poulet et le commerçant nous fait cadeau d'une bouteille de sauce d'importation, précise-t-il pour souligner la valeur de la chose, vu la grande dévaluation de la monnaie locale.

Nous arrivons au camp à 5 h et le groupe était parti pour une marche dans le voisinage, histoire de rencontrer les populations irakiennes et pouvoir établir des liens. Alors que nous attentions, Peggy et moi, le retour des autres, une petite fille habitant de l'autre côté de la station vient me dire que sa sœur qui parle anglais, précise-t-elle pensant que je ne parle pas arabe, souhaitait me parler. Je promis d'aller la voir plus tard quand mes collègues seront rentrés. Ce que je fis.

Je me présente devant une grande maison, que je trouve superbe une fois à l'intérieur. Je suis agréablement surprise par la chaleur et l'hospitalité de mes hôtes. Certes, c'est Rana, l'aînée de Amal qui m'accueille, mais nous sommes aussitôt rejointes par la mère qui tenait un plateau contenant le fameux thé irakien et des gâteaux. Je suis conduite à travers un très beau jardin menant jusque derrière la maison et donnant sur le bord du fleuve. La mère me dit s'appeler Ibtissam (sourire) et je me présente à mon tour. Je suis chanceuse de me présenter aux gens sous l'étiquette canadienne d'origine algérienne. Le Canada n'est pas très mal vu par les populations arabes et l'Algérie faisait figure de pays héroïque depuis sa guerre de libération contre la France coloniale.

Ibtissam a 36 ans et mère de 2 filles 15 ans et 10 ans et un garçon de 12 ans. Elle me dit son angoisse quotidienne face à la guerre et aux conséquences pour ses enfants, sa famille. Qu'est-ce qui va nous arriver? demande-t-elle une grande tristesse dans les yeux. J'avais de la peine à trouver les mots de circonstance et pourtant Dieu sait combien j'aurais voulu la rassurer. Ibtissam n'est pas très politisée, mais pourtant, je retrouve chez elle ce besoin de liberté, cette aspiration à vivre dans un pays sans peur et sans dictature, cette aspiration commune à toutes les populations arabes. J'en savais quelque chose, moi dont le pays a été dévasté par la haine, la violence et la répression. " Qui sont ces Américains qui bombardent nos villes et nos foyers? qui tuent nos enfants? Et de plus, ils nous disent dans leurs tracts qu'il ne faut pas résister. Faut-il laisser leurs soldats nous massacrer sous prétexte qu'ils nous libèrent? " m'interroge Ibtissam en me regardant. " Dieu ne les laissera pas faire, Allah ou Akbar ", répondis-je en forçant ma conviction.

C'est avec un cœur chargé de tristesse, mais les mains de roses par la grâce des jeunes filles que je regagne mon groupe au camp. Cette nuit, pendant la longue veillée, nous avons parlé des millions " d'Ibtissam " qui souffrent en Irak par la faute de l'administration américaine par la guerre, par les sanctions et bien entendu par la dictature, de quelle que nature qu'elle soit.

AUTRE ENDROIT- MÊME CRIMES - ALYARMOUK HOSPITAL 23 mars- Cet hôpital universitaire, un des 3 centres médicaux préparés par les autorités pour recevoir des blesses. Il y a suffisamment de professionnels, mais peu de moyens, un grand manque de médicaments, d'équipement et surtout d'anesthésie pour les blesses. Et les interventions chirurgicales.

Rahab Wedad Mohammad, jeune femme de 25, vient juste d'être opérée. Elle a été blessée gravement à la poitrine, et le flanc droit ainsi que le bras droit et la jambe.. Elle était inconsciente au moment de notre visite. Elle était chez elle quand le missile a touché leur maison. Zaha Seheil est sur le lit à côté. Elle a 6 ans. Elle est grièvement blessée au dos. Sa colonne vertébrale est endommagée et elle sera paralysée pour toujours.

IRusul Salim Abbas, un garçon de 10 ans, atteint à la poitrine et au bras droit. Il fermait la porte quand au moment de l'explosion du missile sur leur maison. C'était vendredi soir, 2e jour des bombardements. Je me tourne vers un autre lit, Il s'appelle Salah Mehdi, me dit un jeune homme, parent du blessé. Salah a 33 ans, il marchait dans la rue quand le missile américain a explosé, non loin de lui, dans un quartier résidentiel, du district El-Amariya. Il dit avoir vu une grande lumière avant de tomber inconscient. Son corps a reçu plusieurs éclats, depuis la tête, tout le côté droit. Il a un grand trou à l'abdomen. Son voisin de lit, Omar Ali, 12 ans, un des 12 membres d'une famille tous blessés vendredi soir dans un autre quartier résidentiel, dans le district d'El Shorta. Majid Mahmoud, 57 ans, père de deux autres blessés transportés dans un autre hôpital, n'a plus qu'une jambe et la moitié d'un bras.

25 mars 2003- La ferme NAHRAWAAN dans le district de Nahrawan à côté du pont Diyala bridge au Nord-Est de Baghdad a été bombardée aux environ de 16 h, le 5e jour de l'invasion américaine en Irak. L'explosion est survenue après la prière de El-Asr, alors que les gens prenaient leur thé habituel à ce moment de la journée. 3 personnes ont été tuées dont une enfant de 8 ans, Fateha Ghazzi, une jeune mariée de 16 ans, Nada Abdallah dont le jeune époux est gravement blessé, et une autre jeune femme de 20 ans. Les 8 autres occupants de la maison, ont été gravement blessés à la tête, les jambes et autres parties du corps.

Le pire a été d'apprendre que 2 familles arrivaient de Baghdad fuyant les bombardements. Elles pensaient trouver la sécurité dans cette zone rurale où il n'y a ni édifice gouvernemental, ni infrastructure militaire.

Ahmed Ajmi, 17ans, le fils du fermier, et le seul à avoir échappé à l'explosion raconte qu'il était sur la route quand la bombe est tombée sur la maison. J'ai entendu le souffle, je me suis retourné et j'ai vu les murs et les toits s'émietter et s'élever dans un nuage de débris et de poussière. Selon un voisin, Kahtan Hassan, il s'agit d'un avion qui a largué 3 bombes dont l'un s'est abattue sur la maison et 2 autres sur d'autres domaines plus loin.

De l'entrée de la maison au stationnement, il y a des traces de sang évidentes des victimes qu'on a conduites à l'hôpital El-Kindi. Les débris des bombes avaient été emportées par les autorités militaires pour éviter des résidus de radioactivité.

26 mars 2003- District commercial AL-SHAAB C'est au milieu de la rue principale, au centre du secteur commercial que 2 missiles sont tombés vers 11 h 30 à 5 minutes d'intervalles. Les souffles ont creusé deux larges cratères et produit un impact épouvantable en projetant une énorme quantité d'éclats sur un large rayon.

De nombreuses voitures ont été transformés en débris et carcasses brûlées. Les membres IPT ont dénombré 15 véhicules. Les ruelles alentours, de même que les trottoirs sont impraticables tellement ils sont abîmés. Quant aux habitations, dont la plupart sont des maisons situées au-dessus des locaux commerciaux, elles sont en grande partie endommagées et noircies des deux côtés de la rue. Toutes les fenêtres du voisinage ont volé en éclats. Même chose pour les locaux commerciaux, surtout s'ils se trouvent proches du centre de l'impact. Les dégâts sont énormes et peuvent de la destruction des devantures jusqu à la perte totale du magasin.

La plupart des locaux commerciaux abritaient des petits ateliers de métiers, comme la mécanique auto, un garage dans lequel Sarif Albari, 36 ans et son fils de 11 ans qui se trouvaient dans leur voiture ont été tués dans l'explosion. Mahmoud, un jeune du quartier a raconté que 2 autres personnes ont été tuées dans le magasin d'électricité. Il me parle de 2 frères Mohamed 36 ans et Atman, 30 ans tués dans un café. Le café était complètement détruit et une importante partie de la maison au-dessus s'est écroulée. On rapporte la mort de Oum Juna, une femme enceinte brûlée dans la maison en flamme au moment du souffle.

Deux familles vivaient dans l'appartement au-dessus du café et 5 personnes ont été blessées, dont 2 grièvement à la tête Zahra Abdelmadjer 54 ans et Nour Rocan, une enfant de 12 ans. Une autre victime dont on ne connaît pas le nom est un jeune vendeur de cigarettes sur le trottoir mort dans l'explosion. D'autres témoins ont rapporté aux membres de IPT la mort atroce d'un bébé qui aurait été emporté par le souffle de l'explosion et dont la tête a été arrachée du corps.

J'arrête devant une autre carcasse de voiture dont les coussins arrière sont pleins de sang. Un témoin nous parle de Abou Seif le conducteur décédé ainsi que ses 2 garçons, Safa Issan, 17 et Marwan, 12, et leur père qui conduisait. Imad Aïssa Ali, propriétaire du Restaurant " Edilimé ", situé sur la rue principale Abitalib au numéro 39 raconte qu'il revenait d'une course quand il a entendu de loin l'explosion. Son restaurant est entièrement détruit. Tous les équipements sont en pièces et jonchent le sol qui a complètement disparu sous les tas de débris.

Je parviens à sauter par-dessus les débris jusqu'à la cuisine où ce qu'il en reste. Il n'y avait plus que quelques rails de ferrailles accrochés ça et là aux rares pans de mur qui sont restés debout. Les frigos, les fours et autres équipements étaient méconnaissables dans le fouillis de débris. Le sang des victimes et des lambeaux de chair étaient mélangés aux débris. Le propriétaire me parle des 5 personnes qui ont trouvé la mort dans son restaurant dont 2 clients dont il ne savait rien. Les trois autres sont ses employés : Abou Hassan 45 ans, père de 5 enfants et Malik Hamoud, 17 ans, du quartier voisin d'El Himana sont morts sur le coup, déchiquetés par l'impact. Le troisième s'appelle Sabah Nouri, 28 ans, mort sitôt arrivé à l'hôpital. Dans ce carnage, on a enregistré 15 morts et plus de 50 blessés, dont plusieurs ne survivront pas.

27 mars 2003- Avec d'autres membres de IPT, j'ai visité la maison de la famille d'Abdullah Haamad Hassawi, située dans le quartier résidentiel Al Tudjar, proche de Al Chaab dans le Nord de Baghdad. 2 frères y habitent. Une importante partie de la maison est détruite.

Widan 35 ans, mère de 2 enfants est l'une des trois femmes de la maison, 2 belles-filles et leur belle-mère. Elle me raconte qu'elle et sa belle-mère regardaient la TV, quand soudain celle-ci explosa. Par miracle, elles n'ont que des blessures légères. Ensuite, elle me conduit à l'étage supérieur, où les dégâts sont très importants. Les murs, les plafonds, les portes et tous les meubles sont endommagés. Certaines parties du plafond sont carrément tombées. Sur le sol, il y a un matelas plein de tâches de sang, tandis que draps et oreillers également souillés, sont tassés sur les débris des meubles. Mème les lits en bois sont en pièces.

Widan m'explique que sur le matelas, il y avait son beau-frère Mounib Abdullah 30 ans, son épouse Sahar Taha, 25 ans et leur petit garçon de 6 ans, Kaisser. Eux aussi, ils regardaient la TV, quand le missile explose au-dessus de la maison et les pièces de métal entrent brutalement par la fenêtre causant des blessures graves aux trois membres de la famille.

Mounib que j'ai rencontré plus tard à l'hôpital me raconta que lorsqu'il a senti l'explosion, il a instinctivement recouvert de son corps sa femme et son enfant, mais qu'aussitôt, il a senti le sang couler de son estomac. Je perdais beaucoup de sang et j'ai entendu ma mère crier le nom de mon fils, après j'ai perdu connaissance. Mounib a subi de nombreuses blessures, estomac, cuisses, jambes, et pieds. Son épouse et son fils ont les jambes brisées.

30 mars 2003, à 18 h, Un grand carnage dans le district de Zaafraneyah. 4 maisons ont été bombardées, prêt du pont Diala. Seulement un survivant! Et dans quel état ! le jeune garçon, Ali Ismaël que tout le monde a vu à la TV, le corps brûlé au 3e degré, sans bras et sans famille.

15 autres personnes sont mortes dans l'explosion de leurs maisons. Sabah Gedan Karbeet, homme de42 ans, Husham Sabah Eadan, garcon de 10 ans, Malek Sabah Eadan, garçon de 7ans, Ali Sabah Eadan, garçon 4 ans, Madeeha Abd Kathem, femme de 48 ans, Sabeha Awad Merdas, femme de 58 ans, Fatima Zaboon Maktoof, femme de 27 ans, Nora Sabah Gadan, jeune fille de 14 ans, Et la famille de Ali, Esmaeel Abbas Hamza, 49 ans, Muhammed Taha Abbas, 12 ans, Abeer Taha Abbas, 9 ans, Muna Taha Abbas, 23 ans, Abbas Esmaeel Abbas, 7 ans, Azhar Ali Taher, femme de 33 ans, Kameela Abd Kathem, femme de 49 ans.

 

...de Martin

Letter From Baghdad - 3/31/03

Friends Everywhere,

I'm sub-titling this letter, "Bridge To Peace". Hopefully, the reason may become clear, as you read on. It's "crunch time", as they say here, in IPT. Meaning things have gotten a stage more difficult, or at least many in IPT are feeling that way. To signify this, IPT'er Neville Watson, broke out a whole box of Nestle Crunch (gee, how I'm looking askance at myself in my mind as I indirectly promote Nestle, or any candy bars), but then, I'm just reporting facts and feelings and observations. I passed, but only due to my personal blood sugar sensitivities. We've been meeting at least twice a day, for two days, on this matter, and in groups of two's, three's, etc. in between. This morning, in a large meeting some of us were attempting to sing a song, a kind of parady written by Theresa, wife of Gabe Huck in our Chicago office.

Thereaa and Gabe have been here together in the past, more than once. Theresa sang this song at the send-off and press conference at the Chicago's O'Hare Airport, as we (the March 6th team) were about to board Royal Jordanian Airlines for Shannon, Ireland, and then on to Amman, Jordan. Support team, please check the IPT website for this song, or contact the Chicago office. One way or another, I'd appreciate the words and information on the tune (what song it's a parady on) added, as a viewable file, to LAMPTIP. It's a great job on Theresa's part. I'd like to encourage it to be sung at rally's and protest actions that continue to take place, I know, to end this war. It can help to remind folks back home that we're not dealing with some back-woods tribesmen over here; that these people had created an advanced civilization thousands of years before we colonized the America's, "blessing" the native peoples with our form of "civilization", in a not so civilized manner.

The chorus is, "We're going to the fertile crescent The cradle of civilization The land between two rivers We're going to Mesopatmia" If our troops began to learn this song, as well, and began singing it, maybe, one by one, they'd drop their guns, and ask to be arrested and taken home, having realized what they've become caught up in, who they have become a pawn of, and that if thousands took such an action, the war would end immediately. The Iraqi government has seized the high moral ground. It's time we joined them there, taking our fears and this war, off he battlefield, out of Iraq, and back to the UN where it belongs. Back to the meetings scene, it looks like, after the expected departure tomorrow morning of about 14 team members, there will be 10 to 12 of us left.

The group remaining consists of about 6 "veterans" of the Voices work to end the sanctions and now the work, in non-violent ways, to stop this war (and all wars), plus 4 to 6 of us who have much more recently come to support this effort with our presence in Baghdad as part of IPT. The group that is leaving are mostly doing so because they feel they can contribute the most to this effort, one way or another, through work they can do on the outside, some possibly from Amman Jordan. There are 2 or 3 who were told they must leave, by the Iraqi government. Some of those leaving are part of a CPT (Christian Peacemaker Team) delegation which arrived just about a week ago, under the "sponsorship" of IPT. This exiting group is in the process of putting out a press release which will explain their viewpoint that they are "not leaving Iraq, but rather taking Iraq with them, in their hearts and spririt, and through their words and actions.

They have built community here, and where violence is destroying community, they will take their experience with them and stand against such destruction." You will be able to learn more of their efforts by getting on IPT's email distribution list, by sending an email request to: Info@VitW.Org. There's also the website: Www.IraqPeaceTeam.Org. Those of us who are staying, feel we can contribute the most by staying. Those of us staying, including our founder, Kathy Kelly, will be issuing a press release, as well. I am staying, personally, for all the reasons I state in my document on this subject which is posted as an accessible file, for Yahoo Group members, under the Yahoo Group name: LAMPTIP at: Www.YahooGroups.Com. I have the opportunity to get email out today, by sending a disk with those who are leaving. This is making it possible for you to hear further from me at this time. For once, I have found space and opportunity to use a computer in the middle of the day, rather than what has been more the norm (the middle of the night). I small part of my mind realized that not all the noise outside the window was traffic; that as is often the case now, even in the day time, there were bomb and/or cruise missile explosions going off in the distance. I'm in our little office here, a small hotel room at the Al Fanar Hotel, which has been converted to an office by replacing the two single beds with simple office furniture. I can see the Tigris River, to my right, from the South facing balcony of this 5th floor room. And plumes of smoke in the distance, in all directions. Some are from bomb/missile strikes. Others are from oil being burned in open trenches to make aircraft navigation more difficult. But I don't think it really makes any effective difference with the latest U.S. technology being applied against the Iraqi people at this time. Unfortunately, there have been great advances in weapons guidance during the 12 years since the "Gulf War". So, the oil being burned, with good intentions, to save human lives, is creating environmental damage far worse than (pardon me) Los Angeles smog. With perhaps the first victims being the children of Baghdad, followed by those adults whose systems are already weak from other factors. Meanwhile, back at the skyline. Directly ahead is the local Sheraton hotel, which is a tall, attractive building. Why not? The first organized cities in history, the first building arches, architecture in general, originated in this area. Down below, in the streets, the traffic seems to increase a little each day. Most of the stores and businesses that closed the day before the bombing started, are still closed. But a few more re-open each day, as more of the people adjust to the current situation.

They say here, often, and have for decades, or centuries, as a cultural expression: "This is the life, what can I do". That's a rough interpretation of a common Arabic phrase, which I understand is common throughout the Middle East, but which I can't put my finger on, in Arabic, at this moment. Speaking of the Sheraton makes me think about prices here. Amazingly, the cost per night there is only 100,000 Iraqi dinars. I say, "only", because at the current conversion rate for U.S. dollars, that's less than $40.00 per day. Our hotel is costing us about $6.00 US per day, per person, with 2 persons per room, or 4 per 2 room suite, which includes a decent breakfast of cheese, eggs, bread, and tea or coffee. Each room also has a small fridge, so we can save money by buying food on the outside. Imported food items are relatively expensive, though. I bought a kilo (i.e. 2.2 lbs.) of bulk tea the other day for our group for about $1.00 U.S. Tea in tea bags, even local, are far more expensive. The hotel charges almost half that for just one cup of tea in the dining room (except at breakfast, when it's included. But one can soft drink, imported from Jordan, costs almost $1.00 U.S. because it's not local and now must be brought in on roads which have been damaged to some degree by U.S. bombing and are definitely far more dangerous to travel now then when we first came in, because U.S. forces have apparently even set up road blocks and in some cases purposely "taken out" civilian cars and busses with missiles, according to eye witnesses our team members have witnesses.

But I can buy a batch of 15 falafel "sandwhices", 2 of which make a very complete meal, for a group of us, and bring them back to the hotel, for only $1.00 U.S. If us forces initiate a siege of Baghdad, like they are attempting to enforce in Basra, prices for even simple, basic, food and water could go sky high. I am feeling somewhat ashamed shortly after another team member (Ramzi Kysia, of Washington D.C.; born in the U.S., but of Lebanese parents) joined me on the balcony and we sat down to discuss various subjects related to our presense here and the ways we want to help. The shame and rose in me because at a certain point, I realized that we, as most of the population, were sitting there chatting, almost oblivious to the fact that every few minutes, there would be another string of explosions in the distance. Some of them, even though in the distance, were strong enough to give the building a good shaking. Ramzi is a great source of information, observation, reflections, and analysis, based on having spent much time working for peace in the Middle East for many years, and due to having been born into a family of Middle Eastern descent, and living in an Arabic community in the U.S., beginning as a child. Unfortunately, he is among those leaving tomorrow. He would have stayed here, but he was accused by the police of doing something he didn't do (staying at the home of a local family overnight, when in fact, he was visiting friends at a hotel close by). So, he was ordered expelled, as a penalty, but has been told he may be able to return soon. Meanwhile, he will be doing a lot for our the cause from Jordan and/or the U.S.

Did I tell you about the "peace water" ritual, and the responsibility I accepted, regarding same? The day before I left, friends of mine from Sonoma County, brought me a vial of specially blessed water. They, with about 30 friends, had created a ceremonial/ritual/event wherein water brought back from many special places in the world, as well as water from local streams, lakes, and rivers. In this event, they sought to imbue the collected waters with special prayers and powers to foster peace.

They then poured these waters into the Pacific Ocean, with the hope that by their actions and the world-wide interconnections of the Pacific would help spread peace throughout the world. But first, they saved a little in a special vial, with a wax sealed cork, to send to Iraq with me. Some leaked out on the way here, in my daypack, but at least half made it, in liquid form, and the rest is with me in residue and sprit, such that my day pack is now my Peace Pack. When my Sonoma County, CA friends gave me the vial of Peace Water, they asked me to bring it to Iraq, and find an opportunity to pour it into either the Tigress or the Euphrates, in the spirit that the mixing of this special water with either of these historical rivers, of great importance to the region since ancient times, might help spread peace throughout Iraq and flow out into the Gulf to spread peace throughout the region.

About a week ago, several team members and I walked out on a bridge across the Tigress, with the Peace Water in mind. The bridges are all guarded by the military, as is not surprising in the current circumstances. We're doing the same thing, after all, in Northern California, for example, with the Golden Gate Bridge, and Iraq has not even threatened to invade California. As we first walked onto the bridge, several military personnel hurried over from a guard post to speak with us, looking very concerned. We showed them one of our "Magic Sheets" (explained in one of my earlier comunique's). That eased tensions a bit. Then they explained with gestures that no pictures were allowed. I have chosen not to carry a camera with me, as pictures being taken outdoors, of any kind, are forbidden by our hosts unless we are given specific permission to photograph a specific person and/or place/thing, from a specific angle, at a particular time, on a particular occasion.

To violate this rule is the quickest way I know of to get thrown out of Iraq at this time. This sounds rather harsh. But, then I remember that if I was an Iraqi in the U.S. right now, I might well be in detention, simply because I am from Iraq. I pray for the day when most of us, individuals and nations, have learned to come together, on all occasions, coming from a place of love, instead of fear. Once we understood their greatest concern, those with cameras, and the rest of us as well, confirmed that we would take no pictures, and we walked out onto the span. The bridge is one known locally as "The British Bridge". It has a proper name, I believe, but there are special reasons for its common name. It was built by the British, long ago. As I understand the history, it was originally built for a rail line, but was later converted to vehicle traffic. During the Gulf war, the U.S. led coalition forces purposely destroyed much civilian infrastructure in Baghdad, including ALL of the bridges over the Tigress. But this bridge, specifically, was not touched, because the British arm of the coalition demanded that it not be destroyed, as they had built it. So critical are these bridges to the life of the people in Baghdad, that they rebuilt them all within one year of our previous assault on Iraq. Note that we never even attempted to approach Baghdad during the Gulf War, with our troops, but we disabled, civilian infrastructure, purposely, which is a clear violation of the Geneva Conventions. But it doesn't seem that we, as a nation, care at all about international law, unless we can use it against another party. There's a water treatment plant at the edge of the city, where some of us have been spending some of our time, to protest the disabling of civilian infrastructure in the last war, and to warn against doing the same during this war. We have hung a large sign there, stating that to damage such a facility is a WAR CRIME.

Of course, we have been commiting war crimes (for that is what they are, based both on the Geneva Conventions and any sense whatsoever of morality) here for over 12 years now, beginning with much of our response to Iraq's invasion of Kuwait. Perhaps, in some minds, since the current invasion and bombing of Iraq, has been from the beginning a WAR CRIME, in its entireity (for the initiation of any war, is to me a WAR CRIME - this war in particular, due to the lame reasons we have given for doing so), then what does it matter, perhaps, what what individual crimes we commit in the course of commiting the overall crime? Well to me, and to the Iraqi people, it matters very much, for this crime, these crimes, have been affecting them severely, for 12 years now, causing much suffering, and civilian deaths, as I have mentioned before, and will continue to speak out against, totaling over ONE MILLION HUMAN SOULS, HALF OF THEM CHILDREN. My fellow team member, Charlie Liteky, 72 (a much decorated Viet Nam Vet - a chaplain - decorated for saving many lives through his heroism on the battle field - and now known for his anti-war actions that have landed him in jail more than once, and recently in a U.S. Prison for over a year) said yesterday, when he was explaining to our group here, why is not leaving Iraqi, no matter how difficult life becomes here: I came to Iraq some months ago, because I heard the children crying out. They are crying even louder now.

Well, it seems I was speaking of Peace Water and a bridge. Sorry, this could be more organized. Forgive me for it's being more a stream of consciousness thing, but I have much to share with you, and not much opportunity to do it, let alone, get it to you in a nicely edited package. Please feel free to cut and paste, excerpt from, etc., any of my letters home, as you share them and their contents with others, throughout the land, as long as you are careful not to take anything out of context. It would also be nice if you give credit to IPT and even to me, as the specific voice, but that's not my main concern. For the importance of IPT's voice, and my voice, is that we be a voice for the voiceless in this case, the Iraqi people. It's not that they are incapable of speaking for themselves. It's that they have not been able to be properly heard on the world's stage, and when they have spoken, not enough of us have been listening and acting on what we have heard. Or, because of who is speaking for them, we have killed the message because of the messenger (a purposeful switch on the old saying from Roman history). I have crossed many of Baghdad's bridges, but always before when I had been on a bridge, it was in a car or taxi or bus. Each of those times, I had the Peace Water with me. But to stop a vehicle in the middle of a bridge in the middle of Baghdad, in these times, get out, pour something into the river, then speed off, would have invited instant bullets with the questions being asked later, perhaps of my dead body and those of others with me.

So, on this occasion, we walked slowly out onto the bridge, which due to it's being just a day or so after the bombing had begun, was basically void of any vehicular traffic, as the city was still adjusting to the new situation. We stopped way before the center of the river, spoke words of peace and prayers for Iraq, the end of this war, the end of all wars, and I poured the Peace Water from the vial into the Tigres. Thank you Numea, thank you Dragon, thank you and all my special friends in Sonoma County, and their friends. I feel honored to have had to opportunity to help complete your intent, your creative and not insignificant gesture of peace for Iraq, peace in the world. For we know, but want to say it anyway, that it takes many small actions (or inactions such as not going to the polls to elect a different President), on the part of millions, to create the conditions for a war such as this. Now, millions at home, and millions more around the world, are acting, responsibly, and non-violently, for peace. Thank you, if you are part of this, for your efforts. And if you are one who truly believes are attack on Iraq is justified, I respect your view, but I ask you to take the time to research and re-examine your reasons, and to go inside. To pray for God's guidance, if you are a religious person, to ask what Christ would do if you are a Christian. Or if you are not religious, to simply meet quietly with the sense of right and wrong we each have inside of us. Try putting yourself in the other person's shoes. Make that person an Iraqi woman, man, or child. Be, for a moment, such a person here in Iraq. Move into a place of compassion. Maybe you could also do the same with world leaders who are involved in allowing or even participating in this insanity. What if your family, your children, have been and are being, seriously affected. How would you want to be treated? Most of us have, since childhood, a very good sense of fairness, of we give time to check with it. Most of the Iraqi people truly love Americans.

It's really hard for them to imagine how any American could be supporting our government's actions here. I try to be gently honest with them when this comes up. I point out that while many Americans are protesting, saying: "Stop The War", "Not In My Name" (and they see our demonstrations on Iraqi TV, there are still millions of Americans who are still supporting this war. If you are such a person, I respect your fears. But I ask you to examine the basis for your fears. For our "reasons" for war, no matter how justified and logical they may seem, must be based on fear, or we would not be engaged in war, as either a defender or an offender. For if you do go through such a soul searching process, acknowledging all your fears, large and small, and their basis, I believe you too will experience a shift of mind and heart and eventually (soon, I pray) begin to speak out for peace. And do you know, friend, that while this will help achieve peace in the world, it is you, yourself, who will first benefit, for peace in the world begins first with peace in you and peace in me. To arrive at such a place inside ourselves, is a great blessing, both for ourselves and for those around us, near and far.

But keep in mind, that as each day moves on, as our lives move on, we must continue to take the time, make to effort, to continue to be coming from a place of peace, each of us. For we all slide down the slope, into a place of fear, often. The question is, how quickly can we rise back up, on God's wings, trusting that we are all held in the palm of God's hands, to the peace that is there for all of us, inside and outside, if we but trust and try. And if, for some reason, maybe not on the surface, but underneath, you believe an American life is worth more than an Iraqi life, how many American soldiers will have to die, their bodies sent home in body bags, funerals in every city and town, large and small, across our land (land and people that I too love), before you will begin to say WHY? WHY are we in Iraq? And, even if you believe, in your heart, that we have a justifiable reason to be here, IS IT WORTH IT? I know that for most who are reading this, I am "preaching to the choir". Please share my message with those you know who have not yet joined the choir.

If you are finding it hard to help them find peace, maybe my words and the place I am currently at, inside and outside, might give them a different kind of opportunity to cross over a bridge in their own lives, to a more peaceful life, coming less from a place of anxiety, anger, fear, resentment, hurt, rejection, all negative feelings, and more, just very simply, from love and compassion. My love and the love of the Iraqi people, go out to you, today and every day, even as the bombs continue (with sometimes an hour or two's let-up) to fall all around us, reminding me to feel compassion and love for the millions in the world who suffer from the lack of peace in themselves, which may, in a way, be even worse than being in the midst of this war, knowing that today could be your last.

Sincerely, Martin

If a reader has questions, we may be reached via - Martin Edwards: Email: EagleEyeLite@Netscape.Net Address: 1083 Vine Street Healdsburg, CA 95448, USA Phone: 707-431-2713 See, Also: LAMPTIP at Www.YahooGroups.Com For Background, more information on our organization, etc: Voices In The Wilderness - Iraq Peace Team A Campaign to End Sanctions and Stop the War Www.IraqPeaceTeam.Org Email: Info@VITW.Org Tel: (Chicago, USA) 773-784-8065, or 8837 and: Www.NonViolentPeaceForce.Org

 

Subject: Martin's Baghdad Hospital Visit

March 26, 2003 Friends Everywhere,

It's 1:30 pm here in Baghdad. I have just returned from a deeply moving hospital experience, which I want to share with you. A visit to the Al-Yarmook Teaching Hospital was arranged this morning for several members of our team. This hospital is handling civilian casualties from the West side of Baghdad. We had several international press representatives, and still and video photographers with us, including a well known Japanese photographer, Takashi Morizumi, who took the explicit and poignant photos of both badly injured Iraqi children and children at play, in family settings, etc., which were published in booklet form, following the 1991 "Gulf" War, "The Children Of The Gulf War." Hopefully, many of you have seen it already.

I urge all to order copies of this booklet ($5.00 each) from: 408-431-3200 in the San Francisco Area, or via the email address: Chouwa@SaveWarChildren.Org, and circulate copies far and wide. This booklet tells a story, which is being repeated as we speak, but magnified many fold, in a way that the most carefully crafted prose, cannot. He will most certainly be publishing a new, and similar pamphlet on this war, but please don't wait. A note to my personal support team: Please be the first to follow my recommendation and save one for me. At the hospital, there were many rooms full of victims, which were open to visitation by us.

I did not get any further than the first room we entered, where I remained for an hour and a half, after the rest of the group moved on. Our group's attention was focused, by one of the doctor's present, on a young boy. The group crowded around him. The video cameras were rolling and the still cameras flashing away. He had numerous injuries and was in a wheel chair. His injuries were being exposed by the doctor for filming. That is important, I know, for documentation, but it seemed, at the same time, in a way, to be treating him more like a damaged object, like a bombed building, than a young, injured, child, who has already been traumatized by years of "sanctions" (let's not be so remote in our terms, here, for they have been in fact a form of child abuse and torture). I will speak more of him later. I backed away from the group and found myself apart from the group, drawn to the bedside of an injured five year old girl, with her father on one side of the head of the bed, her grandmother on the other, the frightened girl crying for her mother. I looked at her face, and began to cry, and tears come to my eyes, even now, as I tell you of my experience. For I saw in her face, my own five year old granddaughter. My granddaughter's name is Spanish, her skin darker than mine, her hair black and curly, because her father is from South America.

Our two little girls look so much alike, it was uncanny. This girl's name is Duha Suhail; Duha meaning "Dawn". My granddaughter's name, Alma Viva, means "Spirit of Life". The doctor translating for me, and answering my questions about her and the other injured is named Dr. Jameel Al Bati. From my kneeling position, I looked up at her father, Suhail Kulaib, explained I was an American, and apologized for the actions of my government. He shook my hand. I felt no anger from him, only peace and understanding, yes even compassion for me who was grieving over the sadness of this all for all of our children. Suhail wondering how this will in the long run affect his daughter who has a spine injury, a paralyzed left leg, who may never walk right again.

Me wondering how many American fathers could be treating him as he was treating me, if the situation was reversed. And what a tragedy it is that we are treating the Iraqi people as if they had invaded our country, as if we really had a justification based by any stretch of the imagination, on moral principles, for our invasion of their country. And me wondering how this war, this immoral action on our part, that makes us look like criminals to the world, will in one way or another, yet come to touch the life of my granddaughter Alma Viva, if only by the blot, the enormous negative spiritual load it places on the whole American psyche, whether we are individually aware of this or not. I looked up at Duha's grandmother, on the other side of the bed, who was trying to comfort Duha in her distress. Her grandmother, Abda ("Servant of God"), smiled down on me, letting me know, through Dr. Al Bata, that she understood and that I should not worry, that everything would be OK.

It was as if she was at least equally concerned about me. These people think so much of Americans. They have looked up to us for so many years, as opposed to the British whose colony they were, and who put their country together, without consulting them, from several regional principalities, which are now forced to work together as one. But this does not mean they are not determined to defend their cities and homes from an invading army, even if that means killing thousands upon thousands of American soldiers more, if we make the mistake of trying to occupy the cities, Baghdad in particular. These are a proud people, with a past much longer than ours, a culture with far more depth than ours, traditions that go back much farther than ours. Sorry, back to the Hospital in a moment, it's just so unimaginable to me, here on the scene, learning in person through my interactions with the Iraqi people, how much they have to teach us. I know they are teaching me lessons I will carry with me for the rest of my life. Speaking further with grandmother Alba and Duha's father Kulaib, I learned more of how Duha had come to be injured. The time was around 5 am, March 20th, the first day of our invasion of Iraq. The extended family was all huddled together in their small home in the countryside outside Baghdad.

The initial bomb and cruise missile attack had just begun. An apparently stray bomb or missile exploded near their home. Shrapnel from that explosion blew in the door of their home and tore into the flesh of seven family members. Duha's twenty-eight year old mother, Hamda ("Thanks Be To God") Abdallah, was at that very moment nursing Duha's year old baby sister Hawra ("Beautiful Dark Eyes with Large Black Pupils"). Suhail. The fact that Hamda's arms were folded around Hawra, as she held her to her breast, with her arms between the baby and the incoming bomb fragments, very likely saved Hawra's life. As I write this, after a break, for a team meeting to welcome nine new Christian Peace Team members to Iraq, it's now 7pm. Air-raid sirens are wailing in the background, and over the sirens I hear the blasts from bomb impacts, feel the hotel shaking, and hear the windows rattling from the percussions. And I wonder how many more innocent victims of American fear, as we lash out at unknown demons, there will be killed or injured this night, or even in the time it takes me to finish describing my encounter today, face to face, with the reality of the effect of our country's irresponsible acts on the innocent Iraqi people.

One can argue, that no adult alive, anywhere in the world, is totally innocent in terms of what happens to others elsewhere in the world, but how can we see children as bearing any responsibility at all, in any of this insanity; of America's inhumanity to smaller nations around the globe when we feel we have the power to force them to do our bidding. And so, Duha's baby sister Hawra had some damage to the back of her body from bomb fragments, but has been discharged from the hospital as has been their mother Hamda. Hamda lives, but lost a finger that was helping to shield Hawra's tiny, innocent body. Hamda sustained further shrapnel injuries to her hand and arm. I am also happy to report an additional, though perhaps minor miracle: Hamda's spirit is so strong, that the trauma she and her family have just experienced did not cause her milk to dry up. She continues to nurse Howra during her recovery, which certainly will be a significant factor in a speedy recovery.

The faith of these people is so great, be they Moslems, as in Duha's family, or in some cases Christians and other faiths (for while Islam is the state religion, this is a secular nation, and there is freedom of religion for all), that it is clear from their manner and so many phrases in their greetings and language that they do truly trust in God. Also injured, but since discharged were four additional family members, for a total of seven. Mustafa (another name for the Prophet Mohamed) Suhail, Duha's three year old brother, who sustained bomb fragment injuries to his arms and legs. Afrah (meaning "Pure White Deer" - more beautiful, even, than every occurs in nature) Abdallah, Duha's aunt, sixteen years old, had her feet injured from the blast. Another aunt, Ilham ("Inspiration"), seventeen years old, received multiple injuries and fractures to her arms. And Duha's other grandmother, Nadwa ("Small Gathering to Discuss a Matter") Ogaid, sixty years old, had bomb fragments blasted into her buttocks and thighs. While all of the injured in this family are still surviving, there are many other Iraqi families now grieving not only the injuries to friends and family members, but burdened by the many deaths already caused to civilian Iraqi's by our campaign of intimidation and terror against the Iraqi people, and many violations of the Geneva Conventions, which began with our strategy during the Gulf War, which was continued by the "Sanctions" (disguised as intended to prevent the Iraqi military from ever again being a threat to neighboring states, but which were really a campaign to make the civilian population suffer and suffer and suffer - to the extent of at least ONE MILLION DEATHS to date - in order to pressure them to have the "good sense" to rise up and overthrow their leader - the leader, mind you of a sovereign state - so that we would not have to invade again and do it for them, since our current President's father, stopped short, for some reason, of doing so twelve years ago. I pray that this madness stop now.

That there be no more deaths of Iraqi civilians, of "Allied" soldiers, of Iraqi soldiers. The Iraqi nation does control vast reserves of petroleum and water, but we have no evidence to hold the Iraqi people responsible for 9/11. And even if they were, Gandhi said: "An eye for an eye, and soon all the world will be blind." To what true end have we invaded Iraq? Is this war, in any sense, worth the costs in lives, and the shift of American taxes from helping American citizens who need help, to making war on innocent civilians half way around the world? I pray further, that what the world is now experiencing and observing in our American exercise of "Might Makes Right"; another attempt to achieve control of world affairs through economic and military power, will in fact move us closer to the day when yet more millions of the world's people, pour into the streets, and commit mass non-violent acts of civil disobedience, until the day comes, soon I hope, when our world will be at peace, and remain at peace, because the U.N. or a new world authority will come into power based on MORAL POWER, and achieve a continuing peace through the deployment, when crisis begin to arise, of a Global Non-Violent Peace Force (please check out the site: Www.NonViolentPeaceForce.Org). With the IPT, in Baghdad, Martin Edwards and Zehira Houfani.

Note: Please consider all the above translations (in quotes, in parenthesis, following names) of the meaning of the names of individuals, to be approximations only. I had translation help, but the Arabic language has a depth and beauty developed over such a long time and in a place and culture so different from our own, that it is difficult for us to appreciate all its complexities.

If a reader has questions, we may be reached via -

Zehira: Email: zhoufani@yahoo.fr Address: 23-12210 - Grenet Montreal (Quebec) H4J 2J8 Canada, Phone: 514-332-8308 : See, Also: www.tourism-Algerie.com/z.houfani,

Martin: Email: EagleEyeLite@Netscape.Net Address: 1083 Vine Street Healdsburg, CA 95448, USA Phone: 707-431-2713 See, Also: LAMPTIP at Www.YahooGroups.Com For Background, more information on our organization, etc: Voices In The Wilderness - Iraq Peace Team A Campaign to End Sanctions and Stop the War Www.IraqPeaceTeam.Org Email: Info@VITW.Org Tel: (Chicago, USA) 773-784-8065, or 8837

 

....de Robert

15 mars 2003

Ce matin je devais aller dans un hôpital pour rencontrer des enfants et le personnel mais nous n'avons pas reçu les autorisations d'usage. Pour chaque action ou visite nous devons obtenir des autorisations du ministère des Affaires étrangères. En début d'après midi nous allons faire un pique-nique avec le personnel d'une station de traitement d'eau qui dessert un important hôpital de Baghdad. Ce dernier avait été épargné lors de la guerre du Golfe ce qui ne fût pas le cas pour plusieurs autres. Le responsable nous fait visiter l'ensemble des installations et accepte que l'on photographie seulement à l'intérieur d'un bâtiment. Interdiction complète à l'extérieur. Nous mangeons près d'une série de pompes. Je lui demande la permission de photographier le groupe puisque nous sommes dehors et il accepte même si les pompes sont en arrière plan. Sur le chemin du retour à l'hôtel, nous apercevons une des nombreuses marches pour la paix organisée par diverses organisations dont une par les boucliers humains. Arrivé à l'hôtel, la rue est barrée à la circulation pour une marche en cours à l'autre extrémité. Quelque peu frustré de ne pas avoir participé à aucune marche internationale je décide de me rendre à celle-ci même si les autres membres n'ont pas le même désir. Je me contente de rester sur le bord de la rue pour observer car il n'y a que des Irakiens et Irakiennes de tout âge.

Les gens se déplacent par groupes de différentes organisations et je ne peux lire les messages des banderoles ni comprendre les slogans car tout est en arabe. Pour cette raison je préfère rester à l'extérieur car j'ai l'impression que certains groupes sont pro-guerre. C'est une réalité ici. Plusieurs souhaitent cette guerre dans l'espoir de pouvoir retrouver une vie normale et le droit à leur dignité. Ils espèrent que la guerre puisse permettre la levée des sanctions.

Depuis le début des sanctions économiques cette population meurent un peu à tous les jours. Je suis généreux en disant un peu lorsqu'on sait que 50,000 personnes en grande majorité des enfants meurent par année faute de soins, de médicaments, d'alimentation, de froid et autres. Alors que tous avaient accès aux études jusqu'à l'université maintenant une majorité abandonne après le primaire pour réussir à gagner quelque sous pour nourrir la famille. Nous avons rencontré des gradués d'universités réduits à vendre des brosses à dents et autres babioles sur le bord de la rue pour survivre. Mes déplacements quotidiens dans la ville me permettent de constater l'ampleur des effets dévastateurs de ces sanctions approuvées par l'ONU. Des centaines de commerces sont fermés, des édifices complets à l'abandon, d'autres en décomposition par manque de moyens pour les entretenir, les véhicules, en très grande majorité des taxis et des autobus, sont rapiécés juste ce qu'il faut pour tenir la route. Dire que cette ville était très moderne et prospère avant la guerre du golfe.

Depuis onze ans c'est une autre forme de guerre permanente qui amplifie la souffrance et qui tue à tous les jours. On peut ne pas être d'accord avec le gouvernement en place mais ce n'est pas une raison de s'attaquer à cette population civile qui ne demande qu'à vivre dans la dignité et en paix. Nous sommes tous en partit responsable puisque nous permettons à l'ONU d'appliquer ces sanctions économiques sans réclamer qu'elles cessent.

Ce soir nous avons notre réunion habituelle de l'équipe pour recevoir les dernières informations internationales sur cette menace de guerre et pour discuter des activités à venir. À mi-réunion nous recevons les deux responsables des Affaires Extérieures qui gèrent notre présence ici. D'abord ils voulaient voir la tête des nouveaux arrivants et nous souhaiter la bienvenue. Tous avons droits à des questions.

Certains demandent plus de latitude pour nos visites des endroits publiques, d'autres voudraient pouvoir rencontrer plus de familles ou passer plus de temps avec celles déjà connues. Ils répondent que chaque cas sera étudié mais qu'il ne faut pas s'attendre à beaucoup plus. Ils nous informent qu'il est possible que le nombre de nos présences soit réduit pour que l'ont soit regrouper dans deux hôtels plutôt que trois pour s'assurer de notre sécurité compte tenu du contexte de plus en plus critique. Ils assurent qu'ils feront tout pour que l'on soit protégé en cas d'attaque car ils disent être responsables de tous les étrangers qui sont dans le pays présentement et qu'ils ne désirent pas être accuser de pas s'en occuper adéquatement.

Je demande s'il est possible que le président du pays accepte d'ouvrir les frontières à tous les pacifistes internationaux désireux d'être ici pour protéger les civiles par leurs présences. J'insiste sur l'urgence de la situation en précisant que s'il y a 300,000 soldats à l'entrée du pays se serait important et efficace qu'il y ait 2 à 300,000 volontaires internationaux à l'intérieur et autour de Baghdad. De cette façon nous pourrions éviter les bombardements le temps des négociations et ainsi épargner toutes les vies humaines puisque nos vies semblent avoir plus de valeurs que celles des Irakiens. Ils me demandent où logerait tout ce monde. Je réponds dans des tentes et ce ne serait pas un problème. Mon insistance semble les embarrasser et ils reviennent sur l'aspect sécurité qu'ils ne pourraient garantir.

Par la suite ils nous informent que les boucliers humains dépendent d'une autre administration et qu'une partie de leurs frais sont payés par l'état. Ce qui n'est pas notre cas car nous défrayons tous nos frais et que nous sommes considérer comme des visiteurs. 16 Mars 2003 Ce matin 6 membres de l'équipe se rendons dans un hôpital pour notre teste de sida obligatoire à tous les étrangers qui demeurent plus de une semaine dans le pays. Personne auparavant n'a reçu de résultats de ces testes. Nous croyons que ce n'est qu'une façon de collecter le $ 50.US par personne qu'il en coûte. Il faut préciser que nous n'avons payé aucune taxe à la frontière. Quatre d'entre nous vont visiter un autre hôpital tandis que April et moi sommes désignés pour aller faire des achats dans un marché public et ainsi montrer notre présence dans la ville. Notre chauffeur décide d'aller stationner la voiture sur le bord du Tigre et de nous faire traverser le fleuve en barque pour épargner du temps compte tenu de la densité de la circulation.

Le marché déborde de monde. April, étant médecin, sélectionne tout le nécessaire manquant pour les premiers soins en cas d'attaque. Nous achetons des vivres en boîtes et un peu de nourriture sèche pour une semaine dans l'abri de l'hôtel. Ce ne sont pas les produits qui manquent dans cet immense marché mais l'argent aux gens pour acheter. L'argent du pays, le dinar, a dévalué de plus de 3000% depuis le début de l'embargo. Actuellement nous avons 2600 dinars pour $1.US. Il n'y a pas de monnaie et n'y a que des billets de 250 dinars. On se promène toujours avec une grosse pile de billets, ce qui n'est pas pratique. Notre arrêt dans une banque nous a permis de voir des montagnes de billets à l'intérieur de chaque guichet. À 14h nous allons assister à la conférence de presse d'une délégation Asiatique des Philippines, de l'Indonésie, de la Corée et du Pakistan. Ils annoncent leur présence en solidarité avec cette population, dénoncent l'embargo et cette menace de guerre.

Après qu'ils ont terminé et s'apprêtent à quitter la table de conférence je m'avance aux micros des médias et j'annonce que j'ai un message à faire au président Saddam Hussain. Je demande, en mon nom personnel, au président d'ouvrir les frontières aux milliers de pacifistes désireux d'être présent pour que les vies humaines soient épargnées. J'exprime haut et fort ce que j'avais dit hier aux fonctionnaires dans l'espoir que ce message se rende jusqu'au président. Après mon intervention je vais m'excuser auprès de la délégation pour avoir profiter de leur conférence. Tous me félicitent et un délégué, Ussin U. Amin des Philippines me remet sa carte et me dit qu'il désire que j'aille dans son pays pour étendre cette idée. Ils m'invitent à leur souper rencontre de ce soir pour que j'aille expliquer mon projet à leurs invités. Ce que j'ai fait. Une personne du Danemark, une d'Angleterre et une autre d'Australie désirent mes coordonnés pour que l'on puisse développer ce projet.

L'annonce du départ de plusieurs inspecteurs de l'ONU ne laisse présager rien de bon. Environ 200 pacifistes et 100 boucliers humains de plus d'une trentaine de pays sont déterminés à ne pas quitter le pays pour pouvoir témoigner des violations des droits humains qui seront commises pendant et après cette attaque. Un maximum de preuves sera accumulé pour pouvoir poursuivre les responsables.

17 MARS 2003

Les nouvelles internationales ne sont guères positives particulièrement celles provenant des médias américains. Un état d'urgence s'installe dans l'équipe. Notre journée est donc concentrée sur les préparatifs d'urgence. À la première réunion nous recevons une liste de situations auxquelles nous pourrions faire face en cas d'attaque, pendant et après. On passe en revue les attitudes et comportements à avoir dans de telles situations. Il est aussi question des communications et actions entre les membres de l'équipe puisque nous sommes répartit dans trois hôtels différents dont deux sont voisins et un autre à trente minutes à pied des deux autres.

La seconde réunion porte sur les droits humains. Quoi devons nous observer, quelles preuves de violations devons nous recueillir, comment devons nous les noter et dans quel ordre. À cet effet nous recevons un formulaire détaillé et les questions à poser aux victimes. Pour l'activité suivante nous allons visiter l'abri de l'hôtel et son contenu. Des vivres pour un mois y sont entreposés pour nourrir une cinquantaine de personnes. L'espace peut facilement loger 100 personnes et plus en se tassant un peu. Nous vérifions les sortis d'urgence, l'aération, la génératrice, l'approvisionnement en eau et les services sanitaires. Après inventaire nous préparons une liste du matériel nécessaire et de la nourriture. Nous prévoyons une semaine de nourriture supplémentaire pour chacun des 9 membres de l'équipe qui demeurent dans notre hôtel. Seulement quelques membres du personnel prévoyaient demeuré ici sans leur famille. Nous insistons pour que tout le personnel vienne ici avec leurs familles et demandons au gérant qu'il invite des gens des environs à faire de même. Il doit consulter avant de prendre une décision.

La formation suivante, donnée par April, porte sur les premiers soins. Un contenu très élaboré et dense sur la détection de l'état des blessés et les soins à apporter, les choses à faire et à ne pas faire. Nous comptons pouvoir apporter le maximum d'aide à la population pendant les périodes d'accalmie et après les bombardements. La grande question de la réunion de tous les membres porte sur l'affinité des trois groupes, si certains des anciens doivent changer d'hôtel pour venir s'installer avec nous, les nouveaux. Le consensus n'est pas évidant. Nous y reviendrons demain après discussion dans chacun des trois groupes. J'ai reçu un appel de Radio Médias et un autre de TVA. Les échanges furent très brefs car la ligne téléphonique coupait constamment et nous nous entendions avec beaucoup de difficultés.

19 Mars 2003

Après deux réunions tous s'activons. Pendant qu'un groupe prépare des banderoles et pancartes Martin et moi allons faire les achats d'outils pour porter assistance aux gens qui se retrouveraient coincer sous des débris. Le chauffeur qui nous conduit au marché fait une erreur de direction et on se retrouve à l'extérieur de la ville. Ce qui nous permet de visualiser pour la première fois quelques activités militaires. Certains travaillent à la pelle sur le bord d'une route, d'autres montent une tente, plus loin ils entourent un édifice ou en gardent un autre. Quelques camions, ici et là, transportent des petits groupes de soldats armés. On peut apercevoir des familles qui quittent la ville avec des meubles et effets personnels.

Parmi les commerces qui survivaient encore, tous barricadent leurs portes et fenêtres avec des grillages de métal et ferment boutiques. La circulation est beaucoup moins dense que les jours précédents. Finalement arrivé au marché on a l'impression que toute la ville s'est donnée rendez-vous pour les achats de dernières minutes. Outre la nourriture et les bouteilles d'eau, les biens les plus prisés sont les pompes à eau, les génératrices, les cadenas, les chaînes de métal, les lampes de poches et les piles électriques. Martin se lance dans une série d'achats qui m'impressionne au plus haut degré. Il a décidé de nous outiller pour libérer les gens qui se retrouveraient coincés sous des débris. Ça commence par les bombonnes de gaz propane et d'acétylène, d'un chalumeau, d'arrache clous, de marteaux, de crocs barres, de tranches à fer, de limes, de gants, des casques de chantiers et quelques autres outils. Ensuite il achète des tapis de plastic tressés pour le plancher de l'abri antimissile de l'hôtel. Ce que j'évalue à $800. au Québec, il lui en coûte à peine $200. ici.

Nous arrivons juste à temps à l'hôtel pour le départ de notre marche avec banderoles et photos géantes dans le but de signaler une fois de plus notre présence à la population. Les voitures klaxonnent et les passagers font le signe de la paix. Aux feux de circulation nous distribuons nos tracts explicatifs de notre présence en sol irakien. Pour la première fois, une personne me dit qu'elle espère cette guerre car elle a en assez de mourir à petit feu depuis des années à causes de ces sanctions. Il considère que d'être tuer maintenant ne peut être pire que ce qu'ils vivent présentement. Ce sera une libération ! Ce soir tous les restaurants des environs, même celui de l'hôtel, sont fermés. Un employé de la place part en taxi à la recherche de quelques choses à nous mettre sous la dent. Il revient deux heures plus tard avec trois pizzas géantes pour tous. En soirée, tout notre équipement de camping et provisions de nourritures sont dans trois voitures taxis. Nous sommes déterminés à ne pas coucher dans l'abri pour cette première nuit de bombardements annoncés. Nous attendons les autorisations pour aller passer les premières nuits près d'un hôpital pour enfants et du centre d'épuration des eaux qui le désert.

À 21h35, après deux heures de négociation les représentants du ministère refusent notre action. La raison mentionnée, il n'y aura pas d'attaques cette nuit car il y a une brume épaisse qui couvre la ville. On déballe le tout. Trois médias du Québec m'ont rejoins pour des entrevues. La question qui revient à chaque fois : avez-vous peur ? À chaque fois je répons la même chose que les Irakiens : Regarde autour de toi, vois-tu des gens qui ont peur ? Quand la peur n'est pas transmise nous n'avons pas de raisons d'avoir peur. Et, c'est le cas ! Il est 23h30 au moment d'écrire ces lignes et j'ai l'intention de garder confiance qu'ils ne bombarderont pas, tant aussi longtemps que je n'entendrai rien.

20 mars 2003

Je me couche à minuit et je suis réveillé à 6h30 par l'appel de Radio Média. Aucun alarme ni un bruit de tir cette nuit. Pendant que je suis en attente pour l'entrevue, la sirène d'alerte se fait entendre. Au moment de terminer l'entrevue les premiers bruits de tirs résonnent jusque dans ma chambre. Les assoiffés du pouvoir à la solde des multinationales toujours en quête de plus en plus de richesses passent à l'attaque. C'est donc dire qu'en tant que civil parmi cette population civile nous serons bientôt assassinés pour le bon plaisir de ces dirigeants assis confortablement devant leurs écrans de télé pour compter le nombre de têtes qui tomberont. Plus tard alors que je suis en attente pour une autre entrevue j'entends le reportage d'un journaliste présent en Irak. C'est avec passion et vigueur qu'il décrit ce qu'il voie. J'espère que cette flamme sera aussi présente en lui pour nous décrire le visage de chacun des assassins qui tueront un civil qui n'a rien à voir dans ce conflit et qui ne demande qu'à vivre en paix et dans la dignité. Je n'ais rien fait et le Irakiens n'ont rien fait non plus pour que l'on soit éliminer comme du bétail.

En après midi, Zéhira, April et moi allons rencontrer les huit membres de l'équipe qui ont installé deux tentes sur le terrain du centre de traitement des eaux qui désert un hôpital et le quartier environnant. Ils ont réussi ce matin à obtenir les autorisations. Le site est entièrement fermé par un mur de blocs de ciment. À une certaine distance à l'extérieur de l'enceinte nous pouvons apercevoir deux édifices à logements et les toitures de quelques maisons. Accompagnés de toute l'équipe sur place nous nous rendons à pieds à l'hôpital en longeant le Tigre dans l'espoir de rencontrer le personnel et les enfants atteints du cancer.

À ma grande déception il n'y a plus qu'un seul enfant. Tout l'hôpital a été évacué car la structure ne pourrait supporter de bombardements et le bris des nombreuses grandes fenêtres risqueraient de blesser davantage les patients. Sans tarder, tous les trois remontons dans notre taxi pour retourner à l'hôtel car Zéhira attend un appel de sa famille.

21 mars 2003

Plusieurs des membres sont partis soit visiter une famille, d'autres un hôpital, d'autres un orphelinat.. Certains ont demandé la permission d'aller voir un lieu bombardé et incendié. La réponse est à venir au cours de la journée. Nos campeurs prévoient faire trois marches dans le quartier environnant le site. Je compte participer un l'une d'elle. Après une petite heure de sommeil et terminer d'écrire un bout de rapport du jour je descends du troisième étage de l'hôtel pour rejoindre les membres qui se préparent à partir. Je monte avec eux pour aller visiter nos campeurs. Le personnel du centre de filtration a aménagé des lits dans un petit bâtiment solidement construit pour assurer plus de sécurité à l'équipe. Certains dorment quant même dans la tente. Dix des onze personnes présente partons à pied pour se rendre dans un autre hôpital que celui d'hier. Charlie demeure sur place. Chemin faisant Cliff remet un tract( que nous appelons magic sheet, feuille magique) à une personne qui travaille à l'entrée d'un terrain. Ce dernier appelle son patron qui nous invite à prendre le thé. Dans une superbe maison avec un jardin qui offre une vue sur le fleuve vit l'ambassadeur du Liban avec sa famille. Le fils aîné, âgé d'environ 32 ans nous accueille avec deux autres hommes du même âge. Il invite sa sœur à se joindre à nous dans un salon très bien aménagé. Nous échangeons sur cette guerre. Le téléviseur diffuse des informations de CNN.

Connaissant très bien ce pays puisqu'il y est né, il dit que les lieux, dans lequel nous voyons le déploiement de soldats américains et que l'on décrit comme étant en Irak, ne sont pas dans ce pays mais au Kowait. Pour lui c'est du cinéma. Il ajoute que personne n'a d'idées de la puissante force de combat de ce pays et que rien n'a été démontré jusqu'à présent. De ce pas nous nous rendons dans un autre hôpital, qui fût ouvert en 1979, où nous rencontrons le directeur et six membres du personnel. Il nous informe qu'il y a eu 57 victimes pendant l'attaque de la nuit dernière à Baghdad et plus de victimes à Basrah. En 1991 une partie du bâtiment adjacent avait été détruit. Pour cette raison les familles sont venues chercher leurs malades de peur qu'ils soient tuer et par crainte d'en être complètement séparés pendant la durée des combats. Une autre raison à l'évacuation est de faire de la place pour les éventuels blessés de cette guerre. Alors que je lui demande quels sont les médicaments qui manquent et s'ils ont besoin d'aide d'un médecin et de toutes formes d'aide de notre part il répond seulement des antibiotiques et qu'ils ont tout le personnel nécessaire pour suffire à la tâche. Hier, April a vérifié auprès du ministère de la santé et la liste des besoins était très longue. Qui dit vrai ? Il assure que les 300 patients peuvent recevoir des soins à la maison par des cliniques populaires dans chacun des quartiers et qu'en cas d'urgence ils n'avaient qu'à composer, genre 911, et qu'une ambulance les conduirait à l'hôpital. De retour à l'hôtel à 17h je vais piquer un petit somme puis souper au Al Fanar.

À 20h05 une première alarme puis à 20h10, 3 minutes de bombardements. On aperçoit comme des centaines d'étoiles scintillantes dans le ciel. De 21h à 21h25 c'est l'horreur. J'entends des explosions de très fortes intensités à un kilomètre, d'où je suis, juste de l'autre côté de fleuve. Au moment où un missile atteint sa cible et explose ça produit une pression si forte qu'elle me fait reculer d'un pas, même à cette distance. Je suis seul dans ma chambre et je ne sais plus quelle direction prendre. Je m'inquiète de Zéhira et April qui sont au quatrième étage, je rassemble mes sacs de survie et me demande si je dois monter en haut ou courir en bas vers l'abri ou regarder dehors si je peux voir quelques choses. Je tourne en rond quelques secondes aux sons assourdissants qui retentissent. Je me dirige vers le balcon de ma chambre, une autre explosion me repousse à l'intérieur alors que je j'allais mettre le pied dehors. Cette fois je décide de m'arrêter et de me calmer pour être en mesure de prendre une décision. J'opte pour aller au quatrième. Rendu à l'escalier une dizaine de journalistes et caméramans courent vers en haut. J'emboîte le pas derrière eux. Ils vont se positionner sur le toit pour capter des images. Je sais qu'ils n'ont pas le droit car hier le gérant de l'hôtel fût menotté et amené par deux militaires pour ne pas avoir interdit à une personne de prendre une photo de l'hôtel. Il a été libéré une heure plus tard puisque l'incident était hors de son contrôle. À peine sur la toiture, je rebrousse chemin et me rends à la chambre 401. Zéhira et April sont sur le balcon, les yeux rivés vers les immeubles en feu juste en face de nous. Soudain il y a comme un gros coup de tonnerre très fort puis nous apercevons un bâtiment, d'environ huit étages, qui explose complètement suivi d'une immense boule de fumé noire qui monte dans les airs puis se dissipe pour laisser apparaître un trou béant. Plus d'immeuble ! L'image qui m'apparaît dans la tête au même moment n'a rien à voir avec cette scène. Je vois des enfants décapités, des familles exterminées et des blessés étendus ici et là. Mentalement, je n'y vois que l'horreur dans le quartier environnant où plusieurs familles y résident. Tout ce que nous trouvons à dire : C'est pas possible, c'est pas possible ! J'offre aux filles de descendre dans l'abri mais elles refusent. Pendant un moment je demeure avec elles à regarder les incendies des trois édifices en feux vis à vis de notre observatoire. Ici et là, nous n'apercevons que des flammes de d'autres bâtiments plus éloignés. Le son des avions de guerre qui retentit comme un long sifflement est, à tout coup, annonciateur d'un missile à venir. Le ciel s'illumine de centaines de petites lumières scintillantes qui éclatent comme un feu d'artifice. En d'autres circonstances nous pourrions dire que nous assistons à un spectacle de sons et lumières mais le résultat est incomparable. Je sens le besoin d'être avec des Irakiens. J'abandonne mes compagnes pour aller jeter un coup dans l'abri. Une dizaine de personnes y sont installée et discutent en trois groupes distincts. Je remonte immédiatement dans le hall de l'hôtel pour y rejoindre le personnel de l'hôtel. Mohamed s'inquiète du sort de sa famille qui demeure à l'extérieur de la ville. Il a apprit aujourd'hui que sa maison aurait été touchée. Il ne peut rejoindre son voisin qui dispose d'un téléphone. Des bombardements retentissent à intervalle irrégulier. Sept membres du personnel et moi sortons en face de l'hôtel et s'installons sous un arbre au cas où des débris de missiles nous tomberais dessus. J'enregistre des conversations entre eux. À plusieurs reprises ils témoignent de leur appréciation de notre présence en Irak. Ils disent qu'ils me protègent et que nous nous protégeons mutuellement. Leur grande préoccupation est que leurs familles s'en sortent indemnes et qu'après cette guerre ils puissent retrouver une vie normale et leur dignité. Ils en ont assez de mourir à petit feu. Ils considèrent que ce ne sera rien s'ils devaient y laisser leurs vies à la condition que leurs enfants aient un meilleur futur.

Suite 23 mars 2003

Dans l'hôpital Yarmouk nous avons rencontré 7 des 142 personnes blessées soit dans leurs demeures ou dans les alentours par des éclats d'obus, provenant des bombes missiles américaines ou de l'artillerie anti-aérienne irakienne; Il est difficile de savoir sans une expertise. Toutes les personnes ci mentionnées sont des civiles qui n'ont rien à voir avec cette guerre. Ussein Jassim Fleh: 36 ans, fonctionnaire, père de 2 enfants, blessé aux deux bras, au dos et aux jambes. Madjid Mahmoud, 57 ans, père de 2 enfants, diverses blessures au corp. Salh Mehdi, 33 ans, du quartier Amariya, blessée au ventre, à la main droite, et à l'oreille droite. Rafad Wedad Mohammed, 25 ans, du quartier Huyy Djamiya, blessée à la joue droite, à l'avant bras, et des tendons sectionnés. Omar Ali, 12 ans, blessé aux jambes, 11 autres membres de sa famille blessés dans la maison. Rusul Salim Abbas, 10 ans blessé à la poitrine et à la main droite en allant fermé la porte. Saha Seheil, 6 ans, blessure à l'épine dorsale, demeurera paraplégique.

La visite fut brève et rapide mais suffisante pour constater la souffrance de ces innocentes victimes qui porteront des traces de cette attaque toute leur vie. Souvenirs dont elles auraient pu se passer. Le comble dans tout ça, les responsables n'auront aucun remord pour avoir handicaper à vie ces jeunes enfants et ces adultes et de plus ils seront fiers d'avoir bien fait leur travail. Les moments se suivent mais ne se ressemblent pas ! Après cette pénible visite je me retrouve dans le parc en face de l'hôtel à fêter l'anniversaire de naissance de Amal, âgé de 13 ans ; l'enfant d'une famille régulièrement visitée par des membres de l'équipe. Gâteaux, ballons, jeux et chants sont de la partie parfois accompagner de bombardements, ce qui n'interrompt pas le plaisir. Mes déplacements dans la ville m'ont permis de constater que le comité d'accueil est en place. De plus, depuis ce matin, la ville est entourée d'une immense fumée noire, probablement une stratégie défensive. Dimanche, les médias sont en congé sauf le :Journal de Montréal. Entrevue avec : Jessica Nadeau et une autre avec Danis Bouchard tous deux du Journal de Montréal.


... de Lisa

Jan 30,2003 Il y a chez nous une ambivalence constante un refus de prendre parti, une volonté d¹être fair play peut-être, ou juste, de laisser sa chance au coureur. Dans les conflits qui secouent le monde (et il y en a beaucoup (bien que je commence à penser qu¹il n¹y en a peut-être juste quelques-uns qui n¹en finissent pas de faire des petits, mais c¹est une autre histoire) ) on arrive pas toujours à se faire une tête, on aimerait défendre le plus faible contre l'abus du puissant mais dans ce cas ci les choses nous sont présentée comme « du moindre mal lequel choisir » et il est difficile d¹évaluer le contexte qui nous est donné. (si je suis vague pardonnez moi, c¹est nécessaire) Les autorités ou experts auxquels nous faisons confiance pour nous expliquer ce qu¹il en est de telle ou telle situation ne décideront pas à notre place et ne sont pas responsables de nos choix. Les critiques sont rarement constructifs. Les média, par soucis d¹objectivité nous donnent les deux côtés de la médaille. Tout cela n¹aide pas à trancher et au moment ou nous nous parlons il faut agir! Cette guerre c¹est quelque chose de vraiment terrible.

J'ai eu l'occasion aujourd¹hui de rencontrer Monsieur von Sponeck. Hans von Sponeck a travaillé 32 ans aux Nations Unies, entre autre comme assistant secrétaire général. Il était responsable de la coordination de la stuation humanitaire en Iraq pour l¹ONU et entre autre la mise en place du programme « pétrole pour nourriture ». Il a donné sa démission en 2000 pour protester contre la politique du conseil de sécurité envers l¹Iraq. Monsieur von Sponeck est libre de ses obligations envers l¹ONU et nous a dit texto hier que la population du monde entier étions victimes de désinformation et que la guerre contre l¹Iraq que veut mener gouvernement américain est injustifiee, il est alle plus loin disant qu¹il est aisé aujourd¹hui de confronter les mensonges a la realite. Il a dit qu¹ il y a des tas de membres de l¹ONU au courant, pas d¹accord, et qui en ont plein sur le c¦ur. (et qui aimeraient vraiment laisser filtrer des histoires a la presse , il me l¹a dit personnellement, je vous le jure!) Je ne suis pas journaliste pour vous raconter les détails comme par exemple des points du dernier discours de Monsieur Bush qu¹il a refuté là sur place (je dois le revoir demain ou après demain, et je l¹enregistrerai pour que vous ayez un peu l¹occasion de l¹entendre) mais comme il mets sa tête sur le billau tous les jours pour denoncer la situation iraquienne (pas une belle image, mais il n¹y en a pas beaucoup pour dire que pas grand monde se mouille pour dire non à cette histoire) je lui fais confiance.

Il faut a tout prix éviter cette guerre. Cette guerre est un crime! (et il y a enfin les arguments pour le dire, si vous ne me croyez pas allez voir le rapport de l¹equipe du Center for Economic and Social Rights, www.cesr.org , juste des eminents specialistes, des grosses tetes et ils etaient tous ici, je les ai vu de mes yeux vus). Faire cette guerre est hors de prix.

Le Canada doit doit prendre position contre cette guerre et plus que ça : Le Canada doit oeuvrer pour la paix. (Je suis sure que ca reviendra moins cher que la guerre si elle a lieu). Trouvons-nous des allies dans les autres gouvernements de ce monde. Dans l¹entreprise privee, dans la societe civile. Partout la ou se prennent des decisions. Monsieur Chretien faisons quelque chose parce que cette guerre c¹est bien plus que 26 millions d¹iraqiens qui sont en danger, c¹est la justice internationale. Et si moi de rien du tout, ici tout nu, je le sais, alors vous le savez depuis longtemps! Dites nous ce que nous pouvons faire de plus, nous avons marché, nous avons ecrit, nous avons chanté, nous nous sommes leve(é)s comme une seule humanité et ca dans dans le monde entier. Vous ne seriez pas tout seul Monsieur Chretien je vous le jure. Je me sens ridicule mais le ridicule ne tue personne. (Et si vous ne me croyez pas appelez-le vous le Monsieur von Sponeck, je suis sure qu¹il cherche des allies, en passant il a participe a la negociation de la transition du regime de l¹apparteid a ce que c¹est maintenant!) Je n¹arrive pas ici a prendre des photos pour vous montrer la ville, les gens.(ils sont tres gentils avec nous, c¹est une tres vieille culture ici, Baghdad est belle mais maganée, vous l¹aimeriez c¹est sur).

J¹ai mal au c¦ur a chaque fois qu¹on sort une camera.(entre les journalistes et les delegations de ceci et de cela, y en a d¹la camera!). Vous savez tous de quoi ca a l¹air la fierte, la pauvrete et la misere. On en a plein a la maison . Ajoutez un palmier (pour gouter les dattes allez voir au cafe Rico sur Rachel). J¹ai plus envie de vous raconter. Nous autres Canadiens, quebecois montrealais (c¹est pas le temps de faire des chichis) avons bonne réputation dans le monde. Probablement pas chez nos amis du sud puisqu¹ils savent combien nous sommes tributaires de leur machine de guerre mais dans le monde nous avons encore bonne réputation. Je pense que nous aimons ce rôle d¹agent de paix de justice sociale, personnellement j¹y tiens beaucoup, c¹est bon pour nous à l¹interne comme dans nos relations avec les autres nations. Et bien si on le veut ce rôle, assumons le. C¹est le temps là. L¹Iraq c¹est 26 millions de personnes qu¹on ne pourra pas réssuciter quand les atrocités auront commencé. Ce qui se prépare sous le nom de « shock and awe strategy » ce n¹est pas secret : C¹est de lâcher sur Baghdad plus de bombes en quelques jours qu¹il n¹y en a eu dans le pays pendant toute la guerre. (enfin je n¹ai pas l¹Internet pour vérifier mes données, le principe étant celui de déverser un arsenal démesuré dans un tres court lapse de temps) C¹est pas une guerre qui est annoncee, c¹est du nettoyage. Qu¹est-ce-qui nous fait accepter une chose pareille? Que disons-nous à nos soldats qui leur permette de faire des choses pareilles? (pareil pour les états unis) Ces soldats ont des familles des enfants, des parents, mais qu¹est-ce qui se passe. C¹est un carnage qui se prepare, un carnage! Savez vous ce que sont les « cluster bombs », ce sont des grappes de bombes qui deversent un genre de gravier qui dechiquette tout sur leur passage, un machin comme ca « claire »une superficie grande comme sept stades de football. Un journaliste independant qui est ici avec nous qui a ete dans les balkans et en afghanistan a vu un champs avec des vaches et apres les bombes on pouvait voir les lambeaux de viandes partout. (si vous ne me croyez pas demandez a quelqu¹un de faire une « contre-expertise », mais demandez a quelqu¹un qui a été la et qui l¹a vu!). Les carcasses des tanks sont induit a l¹uranium « depleted », c¹est radioactif, donc une fois qu¹ils ont servi s¹il sont laissé dans la nature ils contaminent leur environnment.(dans le sud a Basra il y a un nombre important d¹enfants qui naissent avec des malformations et des cancers dues aux restes de la derniere guerre, les femmes ont peur d¹avoir des enfants) ­ meme de nombreux soldats americains de la guerre du golfe et leur personnel de soutien souffrent de cancer. Je n¹ai jamais compris ni pris le temps de comprendre en detail ou de vraiment compter les differentes manieres de tuer, de broyer, de detruire et je n¹y arriverai pas aujourd¹hui. Je ne comprends pas tres bien comment on fait pour mettre le temps pour concevoir construire vendre et acheter ces saloperies. Et qu¹on ne me dise pas que tout ca sert a se defendre. Je viens de parler de deux mais il y en a plein, plus neufs, plus beaux, plus efficace, ameliores. Qu¹il faut ecouler pour en concevoir d¹autres. Il faut qu¹on « reveille », je suis vraiment desolee, mais ca n¹a aucun bon sens! Il y a un organisme COAT a ottawa qui se penche depuis des annees sur la question de comment convertir une economie de guerre a une economie de paix. Jamais je croirai qu¹ils sont tous seuls. Ca doit pouvoir se faire. Peut-etre pas tout de suite. Dans mon pays d¹origine, ils ont fait ca a la machette, ca a peut-etre l¹air plus barbare comme ca, mais c¹est vachement economique. Ils ont pas eu besoin de milliards de dollars. A mon avis tout ca se vaut : c¹est pas parce qu¹on fait ca « remote control» que ce n¹est pas du vrai sang qui gicle, des vraies vies qui sont detruites, et que la vengence ne ronge pas le c¦ur de ceux qui restent. Peut-on encore penser que c¹est quelque chose d¹etrange, d¹etranger, que c¹est loin, du monde qui s¹entretuent, sont don¹ ben bizarre eux-autres? Alors que les americains seraient aux commandes de la machine de guerre. Je ne veux pas qu¹on ecrive des livres apres pour expliquer, analyser. prendre le ton de circonstance, se recueuillir devant des tombes et dire « plus jamais ca ». Puis que ca recommence.

C¹est quand meme debile. Dans un individu on appellerait ca un « pattern », pis un mauvais a part de ca. Ou peut-etre un episode psychotique. Faut se faire soigner!!! Faut qu¹on se soigne ca va pas tres bien dans le monde. C¹est difficile de s¹en rendre compte en descendant la rue Sainte Catherine ou en montant Saint Laurent, (et c¹est tant mieux). Mais ici a l¹hotel Palestine (pas de farce l¹endroit ou on envoie nos courriels s¹appelle comme ca) a Baghdad on attend la fin sans broncher depuis l¹automne dernier, comme il y a douze ans et depuis. Le dinar d¹ici en valait trois US avant la guerre du golfe. Aujourd¹hui mille dinars n¹achetent pas un dollar US. Si la guerre est declaree il va pleuvoir des bombes comme on aura jamais vu, l¹electricite et l¹eau seront les premieres cibles, l¹electricite sert entre autre a alimenter les usines de traitement d¹eau deja fragiles.(ils seront bombardes presumement pour couper les vivres aux militaires, mais ceux ci ont des generatrices, ce sont les petites gens qui vont ecoper). Le petrole manquera (systeme d¹exploitation et de distribution deranges ), les voitures ne pourront plus circuler. La bouffe et l¹eau je ne sais pas trop.

Mais les vieilles rancunes auront le temps de s¹eveiller. Quelques folies Les ponts seront touches, ca veut dire que vos reportages viendront sans doute de l¹autre rive du tigre, la ou se trouvent les journalistes et le centre des nouvelles. Mon monde a moi reste ici. Pourquoi est-ce fou de demander un geste de solidarité de tous les leaders de tous les pays pour dire non à la guerre, pas non aux Etats unis mais non à la guerre. Non au carnage. Le plus terrible, le plus terrible c¹est que cette guerre semble etre un fait accompli (comme celles dont on ne parle plus aujourd¹hui) et qu¹on devrait peut-être déjà etre en train d¹essayer d¹arreter la suivante (peut-etre l¹iran ou la coree)et ainsi de suite. Dans l¹absolu nous ne sommes peut-etre rien. Que l¹Iraq disparaisse, ou les Etats Unis ou toute l¹Humanité ce n¹est pas grave dans l¹absolu. Mais entre temps il faut bien vivre. Nous avons déjà commis des crimes atroces et le monde continue de tourner, chaque matin le soleil se leve, chaque matin il faut gagner sa croute et ça devient de plus en plus difficile. Mais je pense aussi que ça devient de plus en plus difficile dans la mesure ou moins on se sent capable de croire aux belles choses, plus on a de méfiance. Et plus on s¹attend au pire et plus vite il arrive, et plus souvent, comme s¹il avait peur de nous décevoir,lui. J¹ai décidé de croire, croire dans le sens de « mettre de l¹énergie en quelque chose » faire confiance non pas comme un enfant qui a peur d¹être oublié, mais comme un adulte qui voit bien que c¹est nécessaire et qu¹il faut le faire, donner la confiance (une energie « positive ») garder cette porte ouverte en agissant en fonction d¹elle. Chacun, chacune s¹il vous plait, qu¹est ce qu¹on peut faire pour ne pas que cette guerre ait lieu!! Ecrire une lettre au premier ministre peut-être. On a l¹air fou mais faut pas lacher.

je vous embrasse Lisa Choc et crainte 31 janvier, 2003 Premier rapport du contingent Ottawa/Montréal de l'Équipe pour la Paix en Irak (Mary Foster, Mick Panesar et Lisa Ndejuru)

"On doit démanteler le mur de disinformation érigé par les États Unis et le Royaume Uni... Je suis consterné que Bush pense que les personnes informées accepteront ce qu'il dit comme évidence... Il n'y a pas un point dans le discours sur l'État de l'Union qui ne peut être réfuté par les faits." -- Hans von Sponeck (paraphrase), conférence de presse de CESR, Baghdad, 30 janv. 03. Baghdad, le 30 janvier, 2003. Le bruit d'un mariage mélangé avec des klaxons de voiture et le bruit des moteurs entrent avec la brise fraîche d'une soirée d'hiver de Baghdad. La vie à Baghdad suit son allure urbaine frénétique, invaincue de façon ou d'une autre par plus d'une décennie de guerre à basse intensité et les intimidations de Bush dans son discours sur l'État de l'Union. Hier matin, nous avons quitté Amman pour commencer le voyage de 12 heures en voiture vers Baghdad. Heure après heure, des pétroliers naviguent vers nous en occident, apportant le pivot de notre système économique - et le volant de plusieurs dans la région du Golfe. Le pétrole sortant de l'Irak que nous avons vu est vendu dans le cadre du programme "pétrole contre nourriture". L'insuffisance de ce programme pour satisfaire les besoins de base des irakiens est plus évidente que jamais, selon un rapport rendu public par CESR lors d'une une conférence de presse que nous avons suivie ce matin à Baghdad (www.cesr.org).

Le programme pétrole contre nourriture a été introduit en 1996 comme "réponse de la communauté internationale" aux conséquences dévastatrices des sanctions imposées contre l'Irak. Pendant que nous conduisions au sud de Baghdad, le contraste entre la Jordanie- avec son paysage vide et rigide, les bâtiments relativement humbles d'Amman, les tentes tout au long de la route - et l'Irak - avec ses excellentes routes, les villes modernes, l'architecture expérimentale de Baghdad - témoignent de la prospérité d'avant-guerre du dernier. Une prospérité qui a été étirée au maximum la décennie passée: L'Irak est une société dont les systèmes essentiels interdépendants - électricité, eau, santé, distribution de produits alimentaires - ne peuvent soutenir aucune autre pression. L'agression projetée par le Pentagone fournira cette pression supplémentaire. Selon le Pentagone -une bonne source d'informations sur de telles questions- une des premières cibles sera la grille électrique, qui débilitera le reste de l'infrastructure. Les équipements de traitement d'eau, par exemple, cesseront de fonctionner, privant ainsi les personnes d'accès à l'eau potable. Tout simplement, l'invasion tuera plusieurs des gens que nous avons rencontrés aujourd'hui: les enfants à l'hôpital que nous avons visité, l'homme qui nous a vendus le falafel, les jeunes garçons essayant de ressembler aux hommes dans des uniformes de soldats, les deux hommes riant et chantant en arrière de la jeep que nous avons depassée sur notre route vers Baghdad la nuit dernière, le traducteur avec qui j'ai échangé quelques mots à la conférence de presse. À la différence des allégations, des insinuations et des mensonges absolus de Bush, cette prétention, avec son implication des crimes de guerre, est justifiée par des faits réels (fournis, entre autres, dans le rapport de CESR). Il nous est dur, en tant qu'occidentaux, de regarder les gens d'ici dans les yeux. Je me suis sentie incapable de croiser le regard fixe de deux femmes désespérées attendant avec leurs enfants en dehors de l'hôpital aujourd'hui. En nous déplacement autour de Baghdad- ville exempte de MacDonald's et d'autres multinationales de manière rafraîchissante - ça nous fait mal de regarder les nombreux beaux bâtiments et mosquées de Baghdad sachant que, si les plans du Pentagone d'ouvrir l'attaque "choc et crainte" est mise à exécution, ces structures fières et splendides seront bientôt des ruines. "Choc et crainte" est le terme du pentagone pour désigner une attaque éclaire massive avec des missiles de croisière. Il est rendu d'autant plus difficile en raison de l'amitié exprimée par les personnes que nous avons rencontrées et la gratitude des Irakiens qui sont au courant de notre travail anti-guerre.

 

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