Me voilà à nouveau
Saisie par la tempête
Que m’arrive-t-il encore?
Où s’en vont mes pensées?
Est-ce vers toi?
Mon frère
Qui courbe l’échine
Baisse les yeux
Pour dire Oui
Quand le NON dévore ses entrailles

Un oui
Qui je sais
le réduit
L’écrase
Contre un sourire
Sur le visage des siens

        
Me voilà à nouveau
Fuyant les airs de fête
Que m’arrive-t-il enfin?
D’où vient que je sois triste?
Est-ce pour toi?
Ma sœur
De misère vêtue
Qui couche dans ta crasse
Et lève les yeux au ciel
Jurant que dieu existe
 
Me voilà prisonnière
Au temple de l’angoisse
Est-ce seulement pour moi?
Qui ne sais plus attendre
Ou est-ce pour vous tous
Que je regarde sans voir
Pour tout votre silence
Pour toutes vos lâchetés
Pour votre ignorance criarde
Que je ne puis changer
 
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Pourquoi suis-je là?
Debout sous ce soleil de plomb
À regarder trimer mes frères
Sans que je puisse rien y faire
 
Pourquoi suis-je là?
À t’écouter pleurer maman
Sans savoir créer pour toi
L’illusion d’un autre printemps
 
Pourquoi suis-je là?
À supplier ton regard
À mendier ton indulgence
Pour cette lâcheté qui m’habite
 
Pourquoi suis-je là?
À pleurer sur les morts
Quand le cri des vivants
M’éclabousse le regard
 
Pourquoi suis-je là?
À me demander pourquoi
Alors que la vie
A déjà fait son propre choix

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 C’est toujours au crépuscule
Quand les ombres qui nous habitent
Se libèrent
Nous toisent dans l’épaisseur de la nuit
Mon cœur vire de bord
Et mes yeux mouillent
Dans les eaux profondes de ma nostalgie                                         
 
C’est toujours au crépuscule
Quand l’esprit
Troublé par le clair obscur
Se perd
Ne sait comment revenir
Mon corps sombre dans le vertige des sens
Et ma raison déraille
S’écrase le temps d’un oubli
Ainsi…
 
C’est toujours au crépuscule
Quand le vide
Fait place à la douleur
Mordante
Surgie au détour d’un souvenir
Ma pensée brise ses amarres
Change de cap et s’emballe
Sur des traces inconnues
C’est ainsi…
Mon crépuscule


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Prends mon cœur
Fais le danser
Au rythme de tes désirs
Apprends à mon corps
À se mouvoir
À se dévêtir
Et sème dans mon être
La graine du plaisir
 
Prends mes pensées
Envole-toi
Au-delà de mon moi
Des mes doutes
De mes certitudes
Arrache-moi
À mes graves habitudes
 
Prends mes pensées
Caresse-moi de tes mots
Jusqu’à me brûler la peau
Traverse-moi
Comme un fleuve en furie
Emporte mon âme dans tes flots
Et perdons-nous, ensemble
Dans l’éternité
 

 

 

 
J’ai le mal de rien
Le mal de tout
Je me pousse chaque matin
Pour continuer malgré tout
Vivre si loin
Seule avec mes rêves fous
Séparée des miens
Alors que chaînes et écrous
Amarrent mon cœur à leurs peines
Qui m’envahissent de partout
 
J’ai le mal de rien
Mal de tout
De lui
Qui ne comptait même pas
De tous les autres
Qui ne pensent plus à moi
Se souviennent vaguement
Je n’existe pas
 
J’ai le mal de rien
Mal de tout
Des murs nus
Et repoussant
Des façades grises
Qui cafardent les passants
Des odeurs d’épices
Qui parlent de la ville
Modèlent les goûts
Et emballent les gens
 
J’ai le mal de rien
Mal de tout
De ma mère
Qui ne se bat plus
De son indifférence
Face à tout
Face à nous
Ses enfants, sa grande déception
Elle s’est retirée de nos vies
Sur la pointe des pieds
Comme l’Algérie qui peine à nous retrouver

 


Alger ma ville

Je ne peux pas croire
Que tes lendemains
Puissent se passer de lumière
Que tes murs même orbes
Puissent dissimuler aux regards
L’étendue de ta misère
 
Je ne peux pas croire
Que le voile noir
Jeté sur le cœur des femmes
Puisse être éternel
C’est dans l’obscurité de leurs entrailles
Que la vie prend source
Et crée son univers de lumière
 
Je ne peux pas croire
Que la voix des armes
Puisse résonner plus fort
Que le chant des poètes
Que le glas de la mort
Puisse couvrir,
Même l’espace d’un instant
La complainte de nos cœurs
Vieille de deux milles ans
Rhabille-toi de lumière Alger
Réinvente l’espoir dans les cœurs désolés
Redeviens notre mère, notre cité
Je veux croire que la liberté
N’est pas synonyme de haine
Et de chaos
Mais un rêve que les armes ont confisqué
Un si beau rêve à faire vivre
Si nous savions nous aimer

 

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Vous qui jetez le deuil sur nos vies
Vous qui plantez la haine
Cultivez la rage
Dans le cœur de nos enfants
Rendez-nous l’Algérie
Terres de nos mères
De nos enfants
Au nom de notre histoire
De vos horribles tortures
Qui font ses pages noires
Au nom de nos misères
D’aujourd’hui et d’hier
Arrêtez le cauchemar
Et rendez-nous l’Algérie
 
Vous qui piétinez l’espoir
Qui ravagez nos cœurs
Détruisez les rêves
Et condamnez l’amour
Exilez la pensée
Rendez-nous l’Algérie
Terre de nos pères
De nos enfants
Elle ne peut plus vous subir
 
Comment pouvez-vous dormir
Comment faites-vous pour vivre
Pour vous supporter
Chaque jour que Dieu fait
Dans ce marais de sang
De vos frères mutilés
Sur cette terre
Qui gémit sous vos pieds
Rendez-nous l’Algérie
Piégé, notre pays se meurt
Dans la folie de vos délires
 
Rendez-nous l’Algérie
Nous savons panser les blessures
Sur vous, nous fermerons pour toujours
La porte de l’histoire
Et chasserons de nos cœurs
Le cauchemar de vos sales guerres
Où l’argent et le pouvoir
Foulent nos vies
Et gèrent nos misères
Rendez-nous l’Algérie
C’est le droit du peuple
Ce n’est pas une prière
 
L’indépendance
Peu importe de mourir
Cette nuit
Demain
Ou à l’heure qui suivra
 
Peu importe
Si l’ennemi sonne pour le glas
Peu importe mon fils
Si mon cheval revient
Gratter à ta porte
Le message de ma mort
 
Peu importe
Si ma route est piégée
Par des traîtres
Que des mines menacent
Chacun de mes pas
Peu importe
Si je sais que demain
Sur le banc d’une classe
Mon fils tu t’assoiras
 
Peu importe de dormir
L’hiver à terre nue
De vivre en exilé
Sur une terre qui est mienne
D’avoir faim
D’avoir soif
D’endurer des souffrances
Peu importe tout cela
Si je sais que demain
Tu célèbreras mon fils
Ta fête d’indépendance