Mercredi 28 avril 2004, 5h37

Washington critique sévèrement les propos de Lakhdar Brahimi sur le soutien total apporté à Israël
WASHINGTON (AP) - Les responsables américains ont rejeté mardi les propos tenus par l'émissaire spéciale de l'ONU, Lakhdar Brahimi selon lequel le "soutien total" apporté par l'administration Bush à la politique israélienne entrave ses efforts à la transition vers la souveraineté en Irak.
"Nous ne sommes pas du tout d'accord avec lui", a martelé mardi le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher.

Evoquant les points de vue de M. Brahimi sur le conflit israélo-arabe, M. Boucher a déclaré: "Cela n'entre pas dans le cadre du travail de M. Brahimi pour l'ONU ou du rôle qu'il joue en Irak".
M. Boucher a toutefois salué le travail de l'émissaire spécial de l'ONU pour mettre en place un gouvernement intérimaire irakien et faire progresser l'Irak vers le transfert de souveraineté des mains de la coalition prévue d'ici le 30 juin prochain.

Israël a envoyé lundi une lettre de protestation formelle au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, reprochant à l'émissaire spécial de l'ONU à l'Irak d'avoir qualifié la politique israélienne de "grand poison" au Moyen-Orient.

Dans un entretien diffusé mercredi dernier sur France Inter, Lakhdar Brahimi avait notamment déclaré: "Il n'y a aucun doute que le grand poison dans la région est la politique israélienne de domination et toute la souffrance imposée aux Palestiniens, ainsi que la perception par toute la population de la région, et au-delà, de l'injustice de cette politique, et le soutien également injuste (...) des Etats-Unis à cette politique".

Lors d'un point presse vendredi à l'ONU, le porte-parole onusien Fred Eckhard avait souligné que M. Brahimi avait exprimé "ses vues personnelles", pas celles du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. AP
 
Irak : Lakhdar Brahimi demande l'installation d'un gouvernement intérimaire d'ici fin mai
NATIONS UNIES (AP) - L'émissaire spécial de l'ONU en Irak, Lakhdar Brahimi, a demandé mardi que le gouvernement intérimaire irakien soit choisi d'ici fin mai, ajoutant que cette instance doit avoir "une compréhension claire comme du cristal" de ses relations avec la coalition avant le transfert de souveraineté le 30 juin prochain.

Dans son compte-rendu au Conseil de sécurité de l'ONU, M. Brahimi a développé son idée qu'un gouvernement transitoire doit reprendre la souveraineté du pays de la coalition et de gérer le pays jusqu'aux élections nationales irakiennes organisées fin janvier 2005.
Le gouvernement intérimaire doit être choisi d'ici fin mai pour que ses membres puissent avoir un mois pour "se préparer à assumer la responsabilité de gouverner un pays", a-t-il souligné.

"Ces préparations doivent inclure une compréhension claire comme du cristal de la nature des relations entre le gouvernement intérimaire souverain, les anciens pouvoirs d'occupation et toutes les forces étrangères restant dans le pays après le 30 juin, en plus de l'aide éventuelle qui peut être requise de l'ONU", a-t-il expliqué.

Malgré les violences accrues dans le pays, M. Brahimi a déclaré que "le travail est faisable", mais a insisté sur le fait que le plan de transfert de souveraineté n'était pas encore abouti.
Il a également proposé de nouveau la tenue d'une conférence nationale en juillet afin de réunir les Irakiens de toutes les régions et communautés du pays afin d'engager "un véritable dialogue national sur les défis du pays".

La conférence devrait âtre organisée non pas par l'ONU -comme en Afghanistan- mais par un comité préparatoire irakien et devrait inclure "un petit nombre d'Irakiens réputés et distingués, dont des juges proéminent et respectés, qui ne briguent pas un mandat politique", a précisé M. Brahimi.
Les Nations unies envisage la participation de 1.000 à 1.500 Irakiens à cette conférence destinée à évoquer "d'abord et avant tout la situation de sécurité".

M. Brahimi a en outre qualifié la situation de sécurité en Irak d'"extrêmement inquiétante" et mis en garde contre "le grand risque d'une confrontation très sanglante" si la crise de Falloujah n'est pas réglée pacifiquement.

La coalition sait "mieux que quiconque que les conséquences d'un tel bain de sang pourraient être dramatiques et durables", a-t-il souligné. AP