Une victoire au goût si amère! Faut-il pleurer ou se réjouir?
PART - I
La poussière est tombée, les esprits se sont calmés, mais tellement de questions demeurent sur la tempête de délire qui a sévi en Algérie comme en Egypte autour d'un simple match de football. La démesure des actes posés, de part et d'autre, et la surenchère des propos haineux de certains acteurs et leaders d'opinion, ont dépassé l'entendement et frisé l'irresponsabilité. À tel point que la compétition sportive a pris des allures guerrières et ses espaces ont été transformés en arènes pour gladiateurs en mal de fierté. L'on se demande, dès lors, si les choses pourront-elles jamais redevenir comme elles étaient entre l'Algérie et l'Egypte?
Comment 2 peuples " frères " en sont-ils arrivés là? Pourquoi ont-ils livré au monde cette prestation si affligeante de leur état d'esprit, errant à contresens du civisme et de l'esprit sportif? Pour un match de foot!
Pour une malheureuse compétition sportive de ce niveau! Et même, quelle que soit son importance! Elle ne justifiera jamais cette débandade collective et irresponsable qui restera dans les annales comme témoin de notre indigence culturelle, politique et intellectuelle. Cette même indigence qui nous fait supporter ce sort d'opprimés dans nos pays respectifs. Car, il s'agit bien de cela. D'un défoulement qui pourrait être caractéristique des sociétés opprimées, quand s'ouvre une brèche dans la muraille qui les emprisonne. Et cette compétition sportive n'a servi, en réalité, que de théâtre pour l'expression des multiples frustrations qui composent la vie quotidienne des populations algériennes et égyptiennes, les jeunes en particulier. Elle est une sorte d'exutoire "officiellement " tolérable puisque toute autre manifestation est interdite dans ces 2 pays, régis par l'état d'urgence, depuis des années.
Faut-il s'étonner que l'agressivité et la violence soient à fleur de peau chez nos populations, ou tout simplement conclure qu'elles sont le signe révélateur du grand désarroi que sont leurs vies. N'est-ce pas qu'il est difficile de composer avec la beauté du monde, si toute sa vie durant, on a composé avec sa noirceur. Oui, il y'a de quoi être triste pour un peuple comme le nôtre, que l'histoire avait placé si haut dans l'estime universelle; triste pour un pays comme l'Algérie, si beau et riche par la grâce de Dieu, et si misérable, faute de leaders pour l'honorer et le hisser à sa juste place. C'est pour ces raisons que notre orgueil est si mal placé; et qu'on fait porter le fardeau de nos défaillances à nos joueurs de football, histoire de renouer, un tant soi peu, avec ce sentiment de fierté qui a déserté nos vies. Leur victoire fera vibrer les cœurs et éclipsera, le temps d'une compétition, notre malaise général.
Puis, quand les feux de la rampe s'éteindront, en Algérie comme en Égypte, les populations replongeront dans leur océan de frustrations et les régimes scelleront les issues… jusqu'à la prochaine explosion. De quelle nature? Les peuples en décideront.
PART - II
Je ne parle ni d’agresseurs ni de victimes quand bien même je condamne l’attitude des « canardeurs » égyptiens qui ont mis le feu aux poudres au lieu d’apaiser les tensions. Ceci dit, mon propos n’a rien d’intellectuel et porte sur l’absence du « Bon sens » dans l’état d’esprit collectif des sociétés arabo-musulmanes. Et ce qui vient de se passer prouve qu’on est allé si loin dans la pratique du « Non sens » qu’on a perdu la mesure de nos actions. C’est le pire qui peut arriver à un peuple qui ne distingue plus l’essentiel de ce qui ne l’est pas. Et je ne m’explique pas autrement le délire provoqué par le ballon rond, indépendamment de mon respect pour nos joueurs, alors qu’on fait l’impasse sur des questions fondamentales qui font super mal à la dignité et au devenir de la nation algérienne.
Comment, en effet, accepter sans remettre en question notre inconscience et notre sens du jugement quand notre chère capitale « Alger, jadis blanche » soit classée parmi les villes les plus sales du monde, bien après des pays mille fois plus pauvres en Hommes et en ressources. Et cela sans provoquer ni notre révolte, ni notre indignation d’en être arrivés là. C’est quand même incroyable d’avoir un pays comme l’Algérie et d’accepter de telles conditions de vie! Ce n’est qu’un petit exemple de nos nombreuses défaillances en terme d’orgueil et de fierté. Le monde ne finit pas de nous jeter au visage les records avilissants que nous collectionnons, corruption, injustice, absence de liberté, hogra et malversations en tout genre. Alors arrêtons de détourner nos regards et faire semblant de ne pas avoir mal au cœur face à nos actes et nos NON actes.
Le bon sens va des plus petites choses comme nettoyer sa rue, embellir son quartier, vivre sa citoyenneté (en droits et obligations), aux plus grandes réalisations qui font la fierté d’un pays et la grandeur de son peuple. Le peuple Algérien a par le passé donné de bien belles preuves. Et je serai la dernière à dénigrer ou dévaloriser notre génie algérien, qui en d’autres lieux et d’autres circonstances, est capable des prouesses les plus extraordinaires. Et c’est là où le bat blesse, car ce génie se réalise sous d’autres cieux que celui de l’Algérie et profite à d’autres nations plus ouvertes plus (intelligentes?). Et Notre société admet et intègre cette situation comme une normalité. Quel gachis!
Pour finir, j’adore mon pays et tous mes écrits s’y réfèrent directement ou indirectement. Et je rêve de le voir reconquérir son statut honorable au sein des nations.