Abou Ghraib, le sommet de l’Iceberg de la torture en
Irak
Bush et Rumsfeld, vos excuses sont
irrecevables !
Non, messieurs de l’administration américaine, vos excuses sont
irrecevables ! Les populations arabes et musulmanes vous font savoir
qu’elles ne sont pas dupes de votre politique à leur égard et que leur
soumission ne vous sera jamais acquise, ni en Irak, ni nulle part ailleurs sur
leur terre. Le seul mea culpa qui vaille, c’est que vous quittiez l’Irak et que
vous cessiez de bénir la conspiration israélienne contre les Arabes et
Musulmans.
Enfin, après moult
sous-entendus, de tacites allusions et beaucoup de réticence, Georges Bush a
daigné faire des excuses aux Irakiens traités de la façon la plus dégradante
qui soit par ses GI’s, ainsi que de brèves et surtout légères (comparées à
profondes de Rumsfeld) excuses aux Arabes couverts d’humiliation.
Un geste qui pourtant
devrait aller de soi, par simple respect de la part d’un gouvernement dont les
méfaits sont d’une telle gravité. Eh bien non, ces
quelques mots d’excuses, qui en fait n’excusent rien, ont pris l’allure d’une
énorme concession faite par le bourreau à ses victimes. On aurait dit que ces
quelques mots allaient terriblement écorcher la langue du président américain
qui aurait sans doute préféré payer en millions de dollars plutôt que faire des
excuses aux Arabes. Ces arabes pour lesquels, il n’a soit dit en passant aucune
considération, qu’il traite avec mépris, qu’il violente par ses armées et ses
alliances, et qu’enfin, il dépossède de tout : ressources et dignité. Pour
qui connaît l’histoire, il n’y a rien d’inédit dans ce scénario type de
colonisation. Et pour aller de l’avant, il suffisait à l’administration
américaine de reprendre à son compte la fameuse recette d’asservissement des
Arabes, si chère au sinistre Kissinger qui n’a cessé de faire mijoter sa haine
des Arabes et Musulmans, notamment avec sa fameuse et raciste déclaration
« le pétrole est trop important pour le laisser aux mains des
Arabes ».
S’amuser
du supplice des prisonniers
Les assassins et
tortionnaires d’Irakiens le prouvent bien en s’amusant comme des fous de la
dignité arabe. Cela n’a rien d’une improvisation de quelques individus pervers
en mal de cruauté, non, il s’agit de l’application des fameuses techniques « R21 » enseignées aux troupes d’occupation
afin de détruire toute forme de résistance à leur plan. C’est un système codifié qui vient d’être divulgué ici et
là par des officiers présents en Irak dans la presse internationale, réfutant
ainsi l’assertion par le Pentagone qui parle de « cas isolé », afin
de forcer la sympathie de l’opinion publique.
Mais moi, en tant que
Musulmane, je suis convaincue que les actes des soldats ne font que refléter
les intentions de l’administration américaine dans ces visées hégémoniques, en
particulier vis-à-vis des Arabes et Musulmans. C’est dans cette optique que les
apprentis tortionnaires à Abou-Ghraib et ailleurs, s’en donnent à cœur joie
dans le supplice de leurs prisonniers, convaincus de l’impunité et surtout de
la complaisance, quand ce n’est pas de la gratitude d’une hiérarchie qui ne
demande qu’à soumettre toute résistance à ses plans d’occupation, quels qu’en
soient les moyens y compris la torture, cette pratique tellement décriée chez le
régime de Saddam Hussein.
Bush,
Rumsfeld, chenney, Un danger pour toute l’humanité
Voyez comme vous êtes
semblables aujourd’hui aux pires dictateurs dans le registre de l’ignominie,
messieurs Bush, Rumsfeld, chenney et les autres de vos conseillers qui avez
trompé le monde, en vous autoproclamant chantres des valeurs démocratiques !
Quelle imposture !
Ce qui me paraît positif
et même rassurant à certains égards, c’est le fait que vos méfaits soient
portés au grand jour, car par-delà notre humiliation en tant qu’Arabes et Musulmans,
non seulement vous avez perdu le capital américain en terme de prestige et de fierté,
mais plus encore, vous avez terni pour toujours ces valeurs démocratiques dont
vous disiez être le grand défenseur contre l’obscurantisme, le totalitarisme et
tous les « ismes » qui vous servent de suppôts. L’Histoire de
l’humanité se chargera de rendre indélébile dans ses pages, cette trahison que
vous avez infligée aux valeurs de votre propre civilisation, par rapacité,
faisant de vous des êtres sans foi, ni loi, des termes habituellement réservés
aux terroristes.
Du
rôle de libérateurs à celui de tortionnaires, seule la vérité a tranché
Enfin, le monde vous
découvre, tels que vous êtes, non pas des libérateurs comme le proclamaient vos
supporters, mais dans le rôle abject de tortionnaires qui n’ont rien à envier
aux pires spécimens en la matière. Désormais, les valeurs civilisatrices dont
vous avez fait le cheval de bataille de vos interventions dans le monde ne sont
que des faire-valoir pour assouvir vos soifs de pouvoir et de domination de
l’Autre.
Non, nous n’acceptons pas
vos excuses ! Elles ne sont ni sincères, ni suffisantes. Et
personnellement, je suis convaincue que pendant que vous les prononciez,
d’autres victimes irakiennes gémissaient de douleurs dans des cellules sombres,
à l’abri des regards. En témoigne l’acharnement et les massacres des résistants
à Felloudja et ailleurs. Je n’ai jamais douté des méthodes ignobles que vos
soldats et mercenaires utiliseront contre la résistance irakienne. J’ai moi-même,
au cours de mon séjour en Irak au mois d’août 2003, obtenu des photos d’un
jeune irakien torturé par vos soldats en juillet 2003. Je les ai faites
parvenir aux médias, qui n’ont malheureusement pas pris l’initiative de les
publier, sans doute pour éviter d’être à l’origine d’un scandale dont tous
connaissaient l’existence, mais dont personne ne voulait en entendre parler.
Alors, le supplice des Irakiens et aussi des Afghans a continué dans la plus
grande hypocrisie collective qui vient d’être éclaboussée.
Pourtant, et bien que le
mérite de dévoiler les horreurs que couvre l’occupation en Irak soit
inestimable pour l’humanité, il reste que l’effet « surprise » que
suggère l’actualité de ce scandale n’est pas de mise. Ce qui le serait
vraiment, c’est la condamnation unanime des commanditaires de ces horreurs sur
l’espèce humaine, suivie d’actions concrètes, notamment leur jugement par le
TPI comme c’est le cas de Miloshevitch, car leur crime est d’égale valeur en terme de
justice et de moralité, quoi qu’on fasse pour dédouaner les bourreaux des
Irakiens. Pourtant, j’anticipe ma
déception en pensant que rien de cela n’arrivera et que la politique hypocrite,
des deux poids, deux mesures qui afflige l’humanité dans sa grande majorité, restera
de vigueur, puisque les partisans d’un monde meilleur ne sont pas toujours sur
la même longueur d’onde, au Québec comme ailleurs dans le monde. Il n’est pas
exclu que demain, Rumsfeld et consorts soient blanchis et réhabilités aux yeux
de l’opinion par les grâce d’une propagande qui n’a pas de limite.
Alger
hier, Baghdad et Palestine aujourd’hui, même combat, même idéal
Depuis le début de l’invasion, la tragédie irakienne était prévisible. Dès lors où le Pentagone a associé la « Bataille d’Alger » à la rébellion urbaine en Irak, il n’y avait plus de doute quant aux méthodes envisagées pour soumettre la résistance irakienne. Car le célèbre film que Gillo Pontecorvo a réalisé en 1966 a été frappé d’une interdiction de sept années par l’ancienne puissance coloniale de l’Algérie pour le fait d’avoir dénoncé ses méthodes de torture systématique en Algérie. Que les autorités militaires des Etats-Unis, sous la conduite de Rumsfeld s’y intéressent était assez clair qu’on fermait la porte des prisons irakiennes devant la Convention de Genève et qu’on allait exploiter le film à des fins contraires à celles recherchées par l’auteur. Car le cinéaste italien a réalisé la « Bataille d’Alger » en hommage à la souffrance aux Algériens dans leur résistance aux forces d’occupation, en mettant en scène, dans un esprit de dénonciation, les techniques de torture les plus abjectes infligées aux combattants du FLN algérien.
En décidant la projection
de ce film à ses troupes, le Pentagone voulait bien sûr s’inspirer des
situations présentées, des comportements des populations et des résistants, vu
les similitudes culturelles et autres entre les deux pays Algérie-Irak, mais
aussi identifier les failles qui ont conduit à l’échec des autorités coloniales
face à la résistance algérienne, et en bout de ligne au retrait des premières
en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
Non, messieurs de
l’administration américaine, vos excuses sont irrecevables ! Les
populations arabes et musulmanes vous font savoir qu’elles ne sont pas dupes de
votre politique à leur égard et que leur soumission ne vous sera jamais acquise,
ni en Irak, ni nulle part ailleurs sur leur terre. Le seul mea culpa qui
vaille, c’est que vous quittiez l’Irak et que vous cessiez de bénir la
conspiration israélienne contre les Arabes et Musulmans. D’ici là, vous êtes
responsable de l’enfer que vivent les populations occupées du Proche Orient. Car
l’invasion et l’occupation d’un pays sont un crime et toute résistance des
populations sont légitimes.